Actions européennes : la baisse des taux et le ralentissement de l'inflation dopent les marchés
Les actions européennes ont terminé le mois de décembre sur une note positive. Cette progression est principalement due aux baisses de taux et au ralentissement de l'inflation observés au cours de l'année.
Cependant, le vide politique qui s’est installé en France et en Allemagne n'est pas de bon augure pour l'économie européenne. En réaction au recul significatif de la dynamique de croissance et à l’accalmie sur le front de l'inflation, la Banque centrale européenne a procédé à une nouvelle baisse des taux de 25 pb.
Par ailleurs, les conflits militaires au Moyen-Orient et en Ukraine sont loin d'être terminés et continuent de peser sur la confiance des investisseurs.
En ce qui concerne les performances, les tendances en matière de style sont restées incertaines.
D’un point de vue sectoriel, nous n’avons pas observé de dispersion nette des performances entre les secteurs cycliques et les secteurs défensifs. Sensible aux taux d'intérêt, l'immobilier a affiché la sous-performance la plus importante, suivi par les matériaux et les services aux collectivités.
Les meilleures performances ont été enregistrées dans les secteurs de l'énergie (en raison des troubles au Moyen-Orient) et des technologies de l'information (grâce aux semi-conducteurs). Enfin, les services financiers ont légèrement surperformé le marché.
Prévisions de bénéfices et valorisations
À l'aube d'une nouvelle saison des bénéfices, les fondamentaux des actions européennes restent raisonnables. Les marchés ont notamment été soutenus par des révisions de bénéfices positives. La croissance anticipée des bénéfices à douze mois est désormais proche de 8 %.
Selon le consensus, les technologies de l'information, la consommation discrétionnaire, les services de communication, l'industrie et les matériaux seront les principaux contributeurs. En revanche, l'énergie et les services aux collectivités restent les seuls secteurs qui tirent les bénéfices vers le bas. Les analystes prévoient une croissance négative dans les mois à venir.
Le ratio cours/bénéfices à 12 mois des marchés européens se situe à 13,3, dans le bas de sa fourchette historique. Les technologies de l'information et l'industrie sont les secteurs les plus chers, tandis que l'énergie et les services financiers sont les plus abordables.
Plusieurs changements dans les notations en Europe
Lors de notre dernier comité, nous avons proposé les changements suivants :
- Immobilier : nous avons passé le secteur de +1 à neutre. Compte tenu de l'incertitude pesant sur les taux d'intérêt à long terme, nous préférons ne pas rester surpondérés. Nous avons donc décidé de revenir à une position neutre dans l’attente d’une meilleure visibilité. Nous privilégions toujours certains segments de niche (logistique, résidences étudiantes, maisons de retraite) et évitons les galeries marchandes et les propriétés commerciales.
- Services financiers : nous maintenons une position neutre, sachant que la note des banques a été relevée de -1 à neutre. Comme nous pensons que l'évolution des taux d'intérêt est positive pour le segment, nous préférons ne pas rester sous-pondérés.
Dans le même temps, nous avons maintenu la note de +1 pour le secteur de la santé, car les fondamentaux restent bien orientés tandis que l'exposition au dollar constituera un facteur de soutien.
Nous restons néanmoins convaincus que la prudence s’impose, comme en témoignent les récents changements et notre position neutre envers les secteurs de la consommation discrétionnaire et de l’industrie, ainsi que notre préférence pour les secteurs défensifs tels que les services aux collectivités et la consommation courante.
Actions américaines : une consolidation temporaire
Les marchés américains ont affiché une certaine hésitation ces dernières semaines, après la forte progression enregistrée dans le sillage de la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Ils attendent désormais son investiture pour avoir une vision plus claire des politiques susceptibles d’être menées, notamment en ce qui concerne les baisses d'impôts, les mesures de relance budgétaire et l’effort de déréglementation.
Dans ce contexte caractérisé par une hausse des taux à long terme, les petites capitalisations ont sous-performé. Au niveau sectoriel, les titres défensifs ont surperformé les valeurs cycliques. Sans surprise, le secteur immobilier – sensible aux taux d'intérêt – s’est montré le plus faible, suivi par les matériaux.
Le secteur le plus performant a été celui de l'énergie, soutenu par la hausse récente des cours du pétrole, la santé arrivant en deuxième position. La consommation courante a constitué une exception notable, ce secteur ayant fortement sous-performé.
Coup d'envoi de la saison des résultats du dernier trimestre 2024
Au cours des prochaines semaines, les investisseurs surveilleront les tendances sectorielles et la dynamique des valorisations reflétées par les résultats des entreprises, en se concentrant sur l'énergie, la santé, et plus généralement l'impact de la hausse des taux sur la performance des actions. Selon FactSet Research, l'indice S&P 500 pourrait enregistrer un taux de croissance des bénéfices de 11,7 % en glissement annuel au quatrième trimestre, ce qui constituerait le niveau le plus élevé depuis trois ans.
L'énergie et la santé devraient être les principaux moteurs de cette croissance. Le secteur de l'énergie a été particulièrement favorisé, ces dernières semaines, par la hausse des cours du pétrole. En revanche, la consommation courante demeure à la traîne. Ce secteur a souffert de perspectives de bénéfices incertaines, d'une augmentation continue des parts de marché des marques de distributeurs, d'une sensibilisation et d'une demande accrues pour des aliments plus sains et d'inquiétudes quant à d'éventuels droits de douane à l'importation.
Malgré des perspectives de bénéfices optimistes, les valorisations restent scrutées par les investisseurs. Alors qu’elles sont généralement supérieures à la moyenne, la hausse des taux d'intérêt à long terme devrait avoir un impact négatif. Cela étant dit, les valorisations ne sont pas excessives et demeurent soutenues par des prévisions de bénéfices solides.
Pas de changement stratégique
Nous n'avons pas apporté de changements stratégiques majeurs à notre allocation sectorielle. Nous continuons à privilégier les secteurs cycliques, en maintenant des notes positives pour les secteurs suivants :
- Industrie : nous sommes positionnés pour bénéficier de la tendance actuelle à la relocalisation, des baisses d’impôts promises par Donald Trump et des anticipations d’affermissement de l’économie. Au sein du secteur, nous conservons une légère préférence pour les biens d'équipement.
- Services financiers : le secteur devrait bénéficier d'un assouplissement de la réglementation, d'une reprise des fusions et acquisitions, d'une hausse des taux longs et d’initiatives potentiellement plus favorables aux actionnaires en matière de dividendes et de performance du capital. Soutenues par la forte croissance des bénéfices, les valorisations restent attrayantes.
Nous avons cependant procédé à un ajustement ciblé au sein des technologies de l'information, en abaissant les logiciels de +1 à neutre. Nous avions sous-estimé l'impact de la hausse des taux à long terme et préférons désormais être un peu plus prudents, car les logiciels sont le segment de la technologie le plus sensible aux taux.
Actions émergentes : les défis persistent, mais des opportunités sélectives offrent des perspectives d'investissement attrayantes
Les marchés émergents ont connu une performance mitigée en décembre, avec une évolution latérale et une baisse marginale de 0,3 %, après une année volatile marquée par d'importants défis mondiaux et régionaux. L'indice MSCI Emerging Markets NR© a enregistré un gain modeste de +5 % pour 2024, sous-performant les marchés développés, qui ont progressé de +23,4 % pour l'année. L'essentiel de la sous-performance des pays émergents s'est produit au quatrième trimestre, effaçant les gains antérieurs dus à l'aggravation des tensions géopolitiques et à la vigueur du dollar.
Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis a amplifié les inquiétudes concernant le commerce et les tarifs douaniers, ce qui a eu un impact sur les prévisions de croissance mondiale. Toutefois, l'approche transactionnelle de Trump offre une certaine marge de manœuvre pour la négociation.
En Chine, les mesures de relance budgétaire et monétaire limitées et les tensions commerciales persistantes avec les États-Unis ont pesé sur le moral des investisseurs, malgré les signes de stabilisation des principaux indicateurs économiques. En Inde, les corrections du marché et la réévaluation des perspectives de croissance ont créé des opportunités sélectives, tandis qu'en Argentine, l'optimisme lié aux réformes continue d'attirer les investissements.
- Chine : malgré des mesures de soutien au secteur immobilier et des interventions fiscales ciblées, l'absence de mesures de relance décisives et à grande échelle a tempéré l'enthousiasme des investisseurs. L'impasse géopolitique actuelle avec les États-Unis et les inquiétudes concernant la demande intérieure ajoutent à la prudence. Toutefois, les secteurs de l'intelligence artificielle et des véhicules électriques ont fait preuve de résilience, le lancement réussi des véhicules électriques par Xiaomi étant un fait marquant.
- Inde : après les corrections du marché en 2024, les attentes et les opportunités de croissance structurelle du marché indien offrent un potentiel d'investissement à long terme. Les investissements dans les infrastructures, la diversification de la chaîne d'approvisionnement et l'augmentation de la consommation restent les principaux moteurs. Les récentes hausses des marchés boursiers ont été tirées par certains secteurs tels que la technologie et l'immobilier.
- Amérique latine : l'Argentine continue de briller par ses réformes favorables au marché. À l'inverse, le Brésil a dû faire face à des incertitudes politiques et fiscales, ce qui a entamé la confiance des investisseurs malgré des valorisations attrayantes.
- Corée et Taïwan : Taïwan a bénéficié d'une forte demande dans le secteur des semi-conducteurs, stimulée par l'accélération de l'intelligence artificielle. En revanche, la Corée a été confrontée à l'instabilité politique, ce qui a nui à la confiance dans des secteurs clés tels que la technologie.
- L'intelligence artificielle et la technologie : l'intelligence artificielle reste un thème central pour la société de l'information. L'industrie taïwanaise des semi-conducteurs et la collaboration de la Corée avec les géants mondiaux de la technologie soulignent le rôle central de la région dans la chaîne d'approvisionnement de l'IA. Le partenariat de Nvidia avec Reliance Industries en Inde et la croissance de l'infrastructure de l'IA soutiennent cette tendance. Les marchés émergents sont bien placés pour bénéficier de l'évolution mondiale vers l'intelligence artificielle générative.
Perspectives et moteurs des marchés
Nous maintenons un optimisme prudent à l'égard des actions des pays émergents. Si les défis persistent, des opportunités sélectives alignées sur des thèmes de croissance structurelle, tels que l'intelligence artificielle et le développement durable, offrent des perspectives d'investissement attrayantes.
Régions et secteurs positifs :
- Taiwan – Technologie de l’information: soutenue par une forte demande en matière d'intelligence artificielle et de semi-conducteurs.
- Europe de l'Est - Services financiers: des fondamentaux macroéconomiques stables et des valorisations attrayantes dans des pays comme la Pologne, la Turquie et la Grèce.
- ASEAN: il faut être sélectif. Sa petite taille et sa vulnérabilité à un dollar fort limitent son attrait.
- Chine: une approche plus positive que prévu de la part de l'administration américaine entrante, avec des politiques de soutien attendues dans les mois à venir. Le faible positionnement des investisseurs et les valorisations attrayantes renforcent les arguments en faveur d'une exposition accrue.
Régions et secteurs neutres/négatifs :
- Inde: des moteurs de croissance structurels attrayants à long terme. Cependant, des préoccupations cycliques à court terme et des valorisations élevées. C’est un marché où une sélection des actions est primordiale.
- Brésil: les incertitudes politiques et fiscales l'emportent sur les valorisations attrayantes, pour l'instant.
- Mexique : les préoccupations des États-Unis en matière de sécurité nationale laissent entrevoir la possibilité d'une augmentation des droits de douane. L'administration Trump va s'attaquer à des questions telles que l'immigration et le trafic de fentanyl.
À l'horizon 2025, le rôle des marchés émergents dans la croissance économique mondiale reste important malgré les défis actuels. L'intelligence artificielle, la durabilité et le développement des infrastructures seront des éléments clés de la performance à long terme. Une approche équilibrée et dynamique, tirant parti des atouts régionaux et thématiques, sera essentielle pour obtenir des rendements solides et ajustés au risque dans ce paysage en évolution.
Mise à jour du positionnement
Chine
À court terme, le président Trump semble se concentrer davantage sur le Mexique et le Canada, en particulier sur les questions de sécurité nationale telles que l'immigration et le trafic de fentanyl. En ce qui concerne la Chine, son approche a été étonnamment accommodante, même avant son investiture. Il a notamment retardé l'imposition de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises, préférant charger des agences fédérales d'enquêter sur les déficits commerciaux, les pratiques déloyales et la manipulation des devises. Cette attitude plus souple, peut-être motivée par des préoccupations inflationnistes ou des désaccords politiques internes, a favorisé un environnement plus favorable aux marchés chinois. L'amélioration des relations avec la Chine est évidente dans les développements clés, tels que l'intervention de Donald Trump sur le sort à donner à TikTok (qui est maintenant de nouveau disponible et pour lequel un accord est attendu dans les mois à venir), son récent appel avec le président Xi Jinping, et la représentation de la Chine lors de l'inauguration du nouveau président. Donald Trump a également laissé entendre qu'il se rendrait en Chine au cours des 100 premiers jours de son mandat. Compte tenu des attentes actuelles, des valorisations et du positionnement du marché, la Chine fait l'objet d'une surpondération dans les portefeuilles, les récentes augmentations se reflétant déjà dans les fonds. Les politiques proactives du président Xi Jinping, qui mettent l'accent sur la stabilité, l'autonomie technologique et l'approfondissement des réformes, laissent présager plus de détails en mars. Bien que les préoccupations structurelles persistent, ces développements offrent des opportunités tactiques qui pourraient se transformer en une tendance plus soutenue après le Nouvel An chinois et de nouvelles annonces politiques (attendues en mars).
Inde
L'Inde passe à une position neutre. Les flux de capitaux devraient se déplacer vers la Chine, reflétant l'amélioration du sentiment et du positionnement. L'Inde est confrontée à des défis cycliques, et la saison des bénéfices particulièrement décevante a mis en évidence la nécessité d'ajuster les valorisations. Ces facteurs, combinés à des perspectives plus favorables pour la Chine, justifient une réaffectation de l'exposition pour saisir les meilleures opportunités à court terme.
Secteurs
Nous améliorons les secteurs où la Chine occupe une position dominante, en particulier la consommation discrétionnaire (Alibaba, Meituan et JD.com) et les médias (Tencent).