Coronavirus - la situation est grave, mais pas désespérée

 

Actions européennes : encore un mois difficile

Les actions européennes ont à nouveau été malmenées ; la hausse du nombre de cas en dehors de la Chine a entraîné de fortes corrections boursières et de nombreuses incertitudes économiques. L’épidémie en Europe a contraint les gouvernements à confiner la région, afin de ralentir la propagation du virus. Sur les marchés financiers, les actions ont pu réduire leurs pertes durant la dernière semaine de mars grâce à l’intervention des gouvernements et des banques centrales, qui ont réagi avec la mise en place de mesures monétaires et budgétaires de très grande ampleur.

L’évolution de l’épidémie restera le principal moteur de performance des marchés au cours des prochaines semaines et les investisseurs européens suivent de près les différentes phases.

Notre scénario central reste inchangé et nous restons sur l’idée d’une pandémie entraînant un choc mondial, de grande ampleur mais temporaire. Le retour à un niveau d’activité « normal » prendra néanmoins plus de temps que prévu initialement. Cependant, dans une perspective de long terme, les marchés  européens restent une source de valeur et offrent et un potentiel de revalorisation.

Les secteurs de l’énergie et de la santé ont enregistré les meilleures performances en mars. Le coronavirus continue de provoquer une « fuite vers la sécurité », qui favorise le secteur de la santé. L’énergie a surperformé grâce à l’évolution des prix du pétrole. Mécaniquement, les financières ont sous-performé avec le ralentissement de l’activité économique.

Nous observons une forte dispersion des performances entre différents secteurs en Europe. Les financières, le transport et les loisirs ont nettement sous-performé et restent en retard durant le rebond actuel. En revanche, l’énergie, qui avait également sous-performé lors de la première correction, se classe en tête dans le rebond. Le secteur des services aux collectivités, qui avait particulièrement bien résisté lors de la correction, commence cependant à perdre de son avance, car les investisseurs s’interrogent sur les niveaux d’endettement élevés de ces entreprises.

La Value est intéressante :

En termes de styles, la Value continue de sous-performer et les décotes extrêmes offrent des points d’entrée très intéressants. Les autorités ont appelé à annuler les dividendes en 2020 et les banques ont accepté ; ainsi, de nombreuses stratégies de rendement ont cédé leurs titres – ce qui explique les niveaux de valorisation actuels. Compte tenu de ces décotes importantes, nous conservons notre forte conviction sur les banques de détail. Nous suivrons de près la performance du style Value lors de la reprise du marché dans les prochaines semaines et prochains mois. Nous anticipons un fort rebond pour ce type de valeurs dans les semaines à venir.

Nous avons allégé notre exposition à l’énergie, qui passe à neutre, car le secteur a retrouvé son niveau de performance relative observé avant la correction. En parallèle, le conflit entre l’Arabie Saoudite et la Russie pour gagner des parts de marché apporte un nouvel élément par rapport à la situation il y a 3 mois, lorsque nous avions relevé nos scores sur le secteur. Les prix du pétrole pourraient rester durablement bas. Selon nous, le seul facteur positif est la génération de trésorerie, rendue possible par les baisses massives des investissements. En revanche, nous avons renforcé notre exposition au secteur de l’équipement de la maison et de la personne, qui est passé de +1 à +2, et à l’alimentation & boissons, qui passe de neutre à +1. En effet, parmi les valeurs défensives, nous privilégions ces deux secteurs qui offrent des valorisations attrayantes, des revenus résilients et un retour à l’actionnaire. Ce sont les grands gagnants de cette crise.

 

Actions américaines : révisions à la baisse des résultats

Les actions américaines ont été mises à mal en mars et ont fortement chuté, à l’instar du rendement sur les taux à 10 ans américains. Un seul coupable : le Covid-19. L’impact sur l’économie mondiale sera plus important que ne le laissaient entendre les premières estimations ; c’est pourquoi les banques centrales et les gouvernements à travers le monde ont pris des mesures fortes pour éviter le risque d’une récession profonde et durable.

Les révisions des résultats des entreprises sont négatives et ce n’est pas fini. En effet, les analystes commencent tout juste à comprendre et à intégrer les conséquences de la crise dans leurs travaux. Le marché suit attentivement l’évolution des différentes phases du virus (Hausse/Stabilisation/Décrue dans le nombre de cas) afin d’envisager un retour vers les classes d’actifs à risque, au bon moment. Nous avons observé des flux négatifs importants sur les actions tout au long du mois aux États-Unis, provoqués par les craintes des investisseurs sur la crise économique qui dépendra de la durée du confinement. 

Aucun secteur n’a été épargné par la correction, même si les secteurs défensifs comme la santé, la consommation de base et la technologie de l’information ont mieux résisté que l’énergie, les financières et les industrielles. Les valeurs de qualité ont enregistré les meilleures performances, tandis que les petites capitalisations ont été fortement sanctionnées. La technologie a également surperformé, car les nouvelles technologies ont un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le virus.

Nous observons une forte dispersion des performances, même si certains secteurs comme les financières ont nettement sous-performé durant le rebond. En revanche, si l’énergie et l’automobile ont également largement sous-performé durant la première correction, ces deux secteurs enregistrent désormais les meilleures performances dans le rebond actuel du marché. Les services aux collectivités, qui ont particulièrement bien résisté lors de la correction, ont commencé à effacer certains de leurs gains.

Au sein des sous-secteurs de la santé, les laboratoires pharmaceutiques et les outils & services dédiés aux sciences de la vie ont très bien résisté, tandis que la technologie médicale a particulièrement souffert en raison du report des interventions non urgentes ainsi que des achats de services et d’équipements. Le segment de la biotechnologie a enregistré des performances moyennes, avec une large dispersion au sein du sous-secteur.

En règle générale, les plus grandes capitalisations au sein de la biotech disposant de franchises commerciales solides ont mieux résisté, tandis que certaines sociétés de biotech émergentes ont pâti de l’aversion aux risques des investisseurs.  La logique est simple : au sein des médicaments de base», seuls les produits qui ne sont pas encore commercialisés seront impactés ; en revanche, l’impact sera plus élevé sur les lancements de nouveaux médicaments car les délégués médicaux ne sont pas en mesure aujourd’hui de les présenter aux médecins. De plus, les recrutements pour les essais cliniques restent pour la plupart suspendus, ce qui engendre des retards. Globalement, ce facteur a entraîné un léger décalage, sans susciter d’évolution majeure en termes de perspectives. Les entreprises nécessitant des financements restent un risque à suivre attentivement.

Cependant la plupart de nos choix ont été fructueux – car nous étions surexposés à la santé, sous-pondérés sur les industrielles et fortement surpondérés sur la technologie de l’information.

Nous conservons notre large surexposition à la technologie, un secteur qui affiche des valorisations attrayantes et sur lequel nous avons développé des convictions fortes sur le long terme, notamment sur les technologies de rupture (télétravail, 5G, cybersécurité…). Nous avons également conservé notre surpondération des services de communication, sur la base de valorisations intéressantes, sachant que les contraintes réglementaires sont passées au second plan compte tenu du contexte économique actuel. Enfin, notre exposition à la santé est maintenue car le secteur affiche un profil plutôt défensif dans l’environnement de marché actuel.

 

 

Actions émergentes : l’un des pires trimestres de leur histoire

La correction mondiale qui s’est intensifiée en février avec la propagation du Covid-19 en dehors de la Chine, s’est transformée en « bear market » violent en mars, lorsque l’épidémie a été qualifiée de pandémie mondiale. Associée à l’effondrement des cours du pétrole, celle-ci a soudainement mis à l’arrêt l’économie, une paralysie inédite provoquée par les mesures massives de confinement et de quarantaine, les arrêts de production et les interdictions de déplacement, qui ont frappé simultanément l’offre et la demande.

Si la Chine, Singapour et la Corée du Sud ont su maîtriser la propagation du virus, l’Italie, l’Espagne et un peu plus tard, les États-Unis ont été lourdement touchés. Les marchés financiers du monde entier se sont effondrés, dans des niveaux de volatilité très élevés, tandis que des mesures inédites de soutien monétaire et budgétaire ont été annoncées afin de limiter l’impact humain et économique de la crise.

Dans cet environnement marqué par la perspective d’une récession mondiale, la déflation et de fortes révisions à la baisse des résultats des entreprises, les marchés émergents ont continué de sous-performer. La baisse a touché l’ensemble des pays et des secteurs, mais avec une forte dispersion des performances entre différents marchés.

Si les pays d’Asie du nord (la Chine, suivie par Taïwan et la Corée du Sud) ont surperformé, principalement grâce à leurs fondamentaux plus solides, leur plus forte exposition à la technologie et leur maîtrise rapide de l’épidémie, les marchés et les devises des pays aux fondamentaux plus faibles (Indonésie, Inde, Turquie) et dépendants des matières premières (Brésil, Russie) ont largement souffert.

En termes de secteurs, dans cet environnement il n’est pas surprenant que les secteurs défensifs, comme la santé, la communication et les valeurs liées à la technologie surperforment nettement les secteurs cycliques, à l’instar des financières, l’énergie et les services aux collectivités. Avec la correction actuelle, les marchés ont signé non seulement l’un de leurs plus mauvais mois, mais également l’un des plus mauvais trimestres de leur histoire.

Nous restons positifs sur l’Asie du Nord (Chine, Corée, Taïwan), où les pays affichent des fondamentaux économiques plus solides et sont sortis plus vite de la crise du coronavirus. Ces marchés peuvent également bénéficier de plans de relance monétaires et budgétaires et de leur forte exposition à la technologie et aux valeurs thématiques (santé, services en ligne (e-commerce, Cloud, réseaux, banques en ligne etc.) et investissements dans les infrastructures…). Cependant, le risque d’un retour du virus dans ces pays est réel.

Nous restons sous-pondérés sur les pays de l’ASEAN et l’Inde car ces économies (aux fondamentaux plus faibles) sont gravement touchées par l’impact de la crise actuelle.

Nous conservons un positionnement neutre sur le Brésil, après la forte correction en mars. Nous privilégions les entreprises solides qui ont été particulièrement sanctionnées.

 

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