Les temps forts de la semaine dernière
- Les défis intérieurs aux États-Unis sont restés au centre de l’attention, les chiffres préliminaires de l'université du Michigan ayant révélé une confiance des consommateurs et des anticipations d'inflation décevantes, même si la paralysie de l’administration a été évitée.
- Les prix à la consommation et à la production ont ralenti aux États-Unis en février, mais l’inflation PCE « core » – la jauge guidant la politique monétaire de la Fed – devrait rester vigoureuse.
- Estimant que les perturbations liées au commerce, à la défense et au climat risquaient d’amplifier la volatilité de l'inflation, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, s’est montrée déterminée à maintenir l'objectif de 2 %.
- Confronté à la guerre commerciale déclenchée par le président Trump, le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, a annoncé des mesures de rétorsion … et s’est vu féliciter par la Chine.
- Alors que l'Ukraine a accepté le principe d’un cessez-le-feu de 30 jours à l’issue des négociations avec les États-Unis en Arabie saoudite, le Kremlin a bloqué le processus en posant des exigences fermes.
Et ensuite ?
- Tous les yeux seront tournés vers les banques centrales, alors que la Fed, la BoE et la BoJ se réunissent. Les taux directeurs américains devraient rester inchangés, mais les projections trimestrielles du FOMC éclaireront la vision de la Fed.
- Les chiffres du logement et des ventes de détail aux États-Unis fourniront des indices sur la manière dont les consommateurs absorbent l'impact initial des droits de douane, avant que leur plein effet se fasse sentir.
- En zone euro, nous surveillerons la confiance préliminaire des consommateurs pour mars, tandis que le Conseil de l'UE débattra des priorités politiques et économiques en matière de sécurité, de commerce et de compétitivité.
- En Allemagne, le Bundestag devrait adopter des plans d'expansion budgétaire. En outre, l'enquête ZEW fournira des informations sur le climat économique, aussi bien en Allemagne que dans la zone euro.
- Sur le front des entreprises, les publications de Nike, FedEx, Micron, Tencent et Xiaomi permettront de faire le point sur le commerce mondial, la logistique, la demande technologique et les tendances de consommation.
Nos convictions
Scénario de base
- La croissance américaine est menacée par l'incertitude entourant la politique commerciale et le marché domestique, qui pèse sur la confiance tandis que les droits de douane et l’action du DOGE freinent la dynamique économique plus qu'ils ne font grimper l'inflation, ce qui incite la Fed à l’attentisme.
- En Europe, la politique budgétaire – notamment en Allemagne – devient enfin plus expansionniste, mais le ralentissement des salaires, le recul de l'inflation et la menace des droits de douane américains suggèrent une nouvelle baisse des taux de la BCE cette année.
- La réaction mesurée de la Chine aux droits de douane américains, associée à une déflation persistante et des mesures de relance limitées, ne semble pas de nature à renforcer significativement la confiance des consommateurs.
Risques
- Les anticipations de politique monétaire continuent de diverger : la Fed reste prudente face aux inquiétudes concernant la croissance, tandis que l’effort budgétaire européen sape les espoirs d'un assouplissement massif de la BCE, créant ainsi une incertitude sur l'évolution des taux.
- L'incertitude économique et commerciale se propage à travers le monde : le flottement politique qui mine les pays du G7 – en particulier les États-Unis – pèse sur la confiance des entreprises et la stabilité des marchés.
- L'escalade des droits de douane américains reste au centre de l’actualité. Alors qu’une guerre commerciale se profile, le risque de nouvelles perturbations et mesures de rétorsion constitue une menace majeure pour les chaînes logistiques mondiales et les marchés financiers.
Strategie cross asset et positionnement du portefeuille
- Notre stratégie cross-asset reflète une position plus prudente dans l’ensemble des secteurs et des classes d'actifs. Ce changement implique un rééquilibrage consistant à réduire le poids relatif des marchés américains. Notre exposition aux actions a déjà diminué quelque peu, notamment aux États-Unis, où les prévisions de croissance et le sentiment sont devenus plus défensifs. Sur les marchés obligataires, la stratégie privilégie désormais les actifs plus sûrs.
- Actions :
- Nous sous-pondérons les actions américaines, car l’incertitude politique et les menaces sur la croissance pourraient mettre fin à « l'exceptionnalisme américain ». Les tensions commerciales, la situation budgétaire et les contraintes de la politique monétaire pèsent sur les prévisions de bénéfices des entreprises, tandis que le niveau élevé des valorisations laisse peu de marge d'erreur.
- En revanche, les actions européennes pourraient bénéficier d'une inflexion de la politique budgétaire et certains marchés émergents offrent des opportunités. Le risque de guerre commerciale tempère néanmoins les perspectives. Nous sommes neutres à l'égard des marchés européens et émergents, mais avec quelques nuances. Nous privilégions la Chine par rapport à l'Inde, car les investisseurs se repositionnent massivement sur le marché chinois.
- Positionnement neutre à l’égard du Japon.
- Secteurs :
- Nous restons sélectifs et privilégions les secteurs aux bénéfices stables tout en réduisant l'exposition aux secteurs sensibles au risque de ralentissement, une décision qui s'inscrit dans un environnement de fin de cycle où le positionnement défensif devient essentiel.
- Aux États-Unis, nous réduisons notre exposition aux services financiers, car les inquiétudes liées à la croissance, l'incertitude politique et la prudence de la Fed pèsent sur les perspectives de bénéfices du secteur. Le ralentissement de la croissance des prêts et le resserrement des conditions de crédit pourraient menacer la rentabilité.
- Aux États-Unis comme en Europe, nous privilégions la consommation courante pour ses caractéristiques défensives, le secteur bénéficiant d’une résilience de la demande et d’un solide pouvoir de fixation des prix. En outre, ces entreprises ont tendance à surperformer en période de ralentissement de la croissance et de volatilité accrue. La consommation courante européenne devrait bénéficier de son exposition internationale, de sa résilience face aux droits de douane et des éventuels effets positifs d’une relance budgétaire. Ses acteurs offrent une certaine stabilité dans un contexte d'incertitude géopolitique et économique.
- Sur les marchés obligataires, les actifs plus sûrs suscitent un intérêt croissant. Nous restons positifs sur la duration, car le ralentissement de la croissance et l'incertitude politique soutiennent la demande d'obligations de qualité
- Obligations souveraines :
- Nous relevons à neutre la note des bons du Trésor américain, car les risques pesant sur la croissance, les tensions commerciales et l’attentisme de la Fed renforcent leur statut de valeur refuge. Alors que la politique monétaire reste réactive et les pressions inflationnistes modérées, les rendements peuvent encore baisser.
- De leur côté, les emprunts d’État européens sont soutenus par une BCE accommodante et des mesures de relance budgétaire.
- Crédit :
- Nous restons neutres vis-à-vis du segment investment grade.
- La baisse du haut rendement européen et américain incite à la prudence : les investisseurs réduisent leur exposition au risque de crédit, qui augmente sur fond d'incertitude économique et de ralentissement. Si les spreads restent plutôt étroits, la détérioration des fondamentaux, les pressions potentielles sur les bénéfices et l'incertitude politique – en particulier aux États-Unis – rendent le couple rendement/risque moins attrayant.
- Nous maintenons une allocation neutre sur la dette émergente.
- Les stratégies alternatives jouent un rôle de diversification crucial :
- Les métaux précieux tels que l'argent et l'or demeurent attrayants en tant que couverture contre l'inflation et l'incertitude économique.
- Les taux de change resteront incontournables dans les négociations commerciales et la dynamique générale des marchés :
- Nous rééquilibrons notre exposition à la parité EUR/USD.
- Le yen pourrait s'apprécier davantage, en réponse à la hausse des taux ou grâce à son statut de valeur refuge.
Notre positionnement
À court terme, les marchés exigeront une approche assez équilibrée, tenant compte de la montée des incertitudes et de l'évolution des conditions macroéconomiques. Nos récents ajustements reflètent une prudence accrue, mettant l'accent sur la qualité et la résilience plutôt que sur les actifs plus risqués. Cela implique un rééquilibrage visant à réduire le poids des marchés américains, menacés par un éventuel ralentissement, le resserrement des conditions financières et la hausse de la volatilité. Parallèlement, le renforcement de la consommation courante indique une préférence pour les secteurs défensifs, gages de stabilité en période d'incertitude. Au sein de la poche obligataire, nous conservons une position longue sur la duration européenne et neutre sur la duration des bons du Trésor américain. Notre position sur le segment investment grade est inchangée, mais nous abaissons le haut rendement afin de réduire l'exposition au risque de crédit.