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Les marchés financiers ont débuté le mois en hausse, dans la continuité des premières semaines de janvier, jusqu’à ce que l’épidémie de coronavirus en Europe prenne une tournure plus inquiétante que prévue initialement, l’Italie étant particulièrement affectée. L’optimisme des marchés a cédé la place à l’incertitude, les investisseurs cherchant à comprendre la vitesse de propagation du virus et craignant un choc économique majeur à travers le monde.
La plupart des indices actions ont chuté, effaçant plusieurs mois de performances positives en seulement quelques jours. L’indice MSCI Europe a terminé le mois en baisse de 8,7 % et le S&P 500 a cédé 8,41 % durant la période.
Alors que les investisseurs attendent que les gouvernements mettent fin à l’hémorragie et stimulent l’économie, le rendement sur les bons du Trésor américain à 10 ans a touché un nouveau plus bas, sur fond de fuite vers les actifs de qualité.
Les matières premières n’ont pas été épargnées, car la plupart des cours des futures ont suivi le mouvement d’aversion pour le risque. Les prix du pétrole ont plongé de 13 %, anticipant une forte baisse de la demande.
Le HFRX Global Hedge Fund EUR s’est incliné de -1,75 % durant le mois.
Stragégie Long short equity
La fin du mois de février a été difficile pour les stratégies long short : en moyenne, les fonds ont perdu près de 3 % (en brut) pendant la dernière semaine de février. Les performances depuis le début du mois s’élèvent ainsi à -2 %. Cependant, malgré un S&P qui s’enfonce en territoire négatif, les Hedge Funds ne se sont pas trop inquiétés, car ils ont été, en règle générale, largement acheteurs sur les actions américaines, sur une base nette.
Selon les données des prime brokers, les fonds axés sur l’Europe ont sous-performé les stratégies investissant aux États-Unis et en Asie, car le vieux continuent a été frappé par le coronavirus. Les gérants de fonds actions européennes long short ont généré des performances moyennes de -3,04 % en février, suivies par les fonds long short américains qui ont cédé -1,94 %, tandis que les fonds long short asiatiques ont progressé de 0,94 % en moyenne. Durant la dernière semaine de février, au sein des fonds américains, l’exposition moyenne brute a baissé de 4 % sur une semaine glissante à 19 %, tandis que l’exposition moyenne nette a été réduite de -7 % sur la période, à 44 %. Le niveau de levier brut en Europe a baissé de 4 % sur la semaine à 210 % et l’exposition moyenne nette a été réduite de -1 % sur sept jours glissants à 34 %. En Asie, l’exposition brute est restée stable.
Il est intéressant de noter que durant la dernière semaine du mois de février, les 50 principaux investissements ‘longs’ aux États-Unis sont en baisse de -11 % depuis le début de la semaine, mais les 50 investissements les plus ‘shortés’ n’ont pas pu compenser les pertes ; en effet, les positions vendeuses sont en baisse de seulement -9 %, ce qui représente un spread long vs. short de -2 %. L’environnement sera compliqué tant qu’il ne se sera pas stabilisé ou atteint son creux ; cependant, les gérants peuvent protéger le capital en réduisant leur exposition nette et en générant des profits sur leurs positions à découvert. Un portefeuille bien équilibré composé d’opportunités d’investissement vendeuses et acheteuses sera sans doute mieux armé pour résister à un environnement de marché difficile.
Global Macro
Le mois de février a été compliqué pour les stratégies Global Macro, car peu d’investisseurs avaient intégré une propagation aussi rapide du virus à travers le monde. Après la réaction négative du marché à l’annonce de l’épidémie en Chine vers la fin du mois de janvier, il s’est vite redressé, soutenu par les bénéfices solides des entreprises et l’amélioration des données économiques. Le potentiel d’impact négatif pour l’économie provoqué par les perturbations liées au virus a frappé de plein de fouet les dirigeants d’entreprises. Les performances, bien que négatives en moyenne, affichent cependant une forte dispersion en raison des positionnements hétérogènes des portefeuilles. Compte tenu des niveaux élevés de volatilité et des incertitudes futures, les gérants privilégient la réévaluation des positions existantes et la réduction du risque, et attendent l’annonce de plans de relance par les gouvernements avant de réinjecter du risque. Avant l’arrivée du coronavirus, un consensus avait semblé se former autour des investisseurs estimant que l’Asie et l’Amérique latine offraient des opportunités d’investissement en 2020. Tant que cette crise sanitaire n’est pas contenue et maîtrisée, les perspectives restent plutôt floues. Dans cet environnement, nous aurions tendance à privilégier les gérants discrétionnaires opportunistes. Ces gérants peuvent s’appuyer sur leurs compétences et leur expérience en matière d’analyse pour créer de la valeur en exploitant quelques belles opportunités à travers le monde.
Stratégies quantitatives
Les modèles « trend following » à court terme ont enregistré des performances solides durant le mois. Les stratégies ont été réactives, passant rapidement de positions acheteuses à vendeuses sur les indices actions et restant acheteuses sur les obligations.
Les retournements brutaux et la hausse des corrélations au sein du marché n’ont pas été favorables aux modèles quantitatifs de plus long terme ou aux stratégies d’arbitrage statistiques. Les modèles « break out » ont continué de surperformer durant le mois de février. Les avancées technologiques ont contribué à démocratiser l’accès au métier de gérant quantitatif, mais le coût de plus en plus élevé des données, des talents de gestion et de la création d’entreprises fait qu’il est très difficile d’atteindre le club fermé de l’élite.
Stratégies d'arbitrage de taux
Au sein de l’univers obligataire, de nombreux marchés ont également été frappés par l’aversion au risque liée aux inquiétudes concernant le Coronavirus et son impact sur la croissance mondiale. La courbe des taux américaine s’est inversée avec la ruée des investisseurs vers les valeurs refuge ; la volatilité a bondi tout sur tous les segments de la courbe des taux américaine. Si la vitesse du mouvement s’est accélérée, le spread entre l’obligation la moins chère à livrer et les futures s’est légèrement écarté, à l’instar de la base OIS/Libor
Marchés émergents
La dispersion de performances entre les gérants Emerging Macro a été élevée, selon le positionnement du fonds et la zone géographique concernée. La baisse des prix de l’énergie et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont été les principaux facteurs négatifs durant le mois de février. Cependant, en moyenne, les stratégies sur les marchés émergents ont plutôt bien résisté à la première vague d’aversion aux risques. Aujourd’hui, le contexte mondial n’a jamais été aussi incertain. Nous observons de fortes dislocations qui généreront des opportunités pour la stratégie, mais devons attendre que le calme revienne pour avoir davantage de visibilité.
Risk arbitrage - Event-driven
Au cours d’un mois très compliqué, les stratégies de Risk Arbitrage ont enregistré des performances légèrement négatives en février, témoignant de leur capacité à résister face à l’orientation globale des marchés des actions. Les résultats négatifs générés par les positions longues en situations spéciales ont été compensés par les stratégies de couverture, tandis que les stratégies d’arbitrage en fusions et acquisitions ont pesé sur la performance en raison de l’écartement des spreads. Malgré les turbulences de marché, l’ activité de fusions et acquisitions est restée solide ; les acquéreurs ont profité de la baisse des cours pour racheter les entreprises cibles.
Entreprises en difficultév
La performance des stratégies « Distressed » a été décevante l’année dernière. Les performances ont été impactées par des situations spécifiques, comme le dépôt de bilan de PG&E, et par la réticence des investisseurs à se positionner sur des situations complexes en ces temps de fortes incertitudes. La reprise de 2019 s’est accompagnée d’une baisse d’activité de la part des promoteurs sur les segments les plus compliqués du marché du crédit. Les obligations notées CCC s’échangent désormais sur des niveaux de spreads supérieurs à 1000 pb. En cas de remontée du taux de défaut des obligations d’entreprises au cours des deux prochaines années, nous pourrions nous attendre à une réappréciation du risque de crédit sur l’ensemble du gisement. Les gérants de portefeuille renforcent les réserves de trésorerie afin de conserver des réserves et attendent de recharger le portefeuille avec les nouvelles émissions proposées dans ce segment. Nous suivons attentivement les gérants du segment en raison du potentiel de performances élevées, mais restons globalement sur la touche.
Stratégies Long short credit & High Yield
Malgré la hausse de la volatilité, les spreads – soutenus par la quête de rendement – restent resserrés. C’est pourquoi nous restons sous-pondérés, car nous voyons peu, voire pas d’intérêt à nous positionner vendeurs sur le marché du crédit, tant que la demande reste soutenue et que le coût négatif du portage est relativement élevé.