Les temps forts de la semaine dernière
- Au plan macroéconomique, les PMI provisoires ont été mitigés, avec un recul notable de l'indice manufacturier aux États-Unis.
- En Allemagne, l'indice ZEW du sentiment économique a dépassé les attentes, confirmant la vigueur des marchés boursiers de la région.
- Le taux d'inflation annuel au Royaume-Uni a grimpé de 2,5 % à 3 % le mois dernier, dépassant ainsi les attentes du marché, situées à 2,8 %.
- Sur le plan géopolitique, les ministres des Affaires étrangères américain et russe se sont rencontrés en Arabie Saoudite pour entamer des négociations de cessez-le-feu en Ukraine.
Et ensuite ?
- Les investisseurs analyseront les résultats des élections législatives en Allemagne. Une nouvelle coalition n’émergera probablement pas avant le mois d’avril.
- Des indicateurs d'inflation seront publiés en zone euro et aux États-Unis. En raison de la pondération des composantes, l'indice PCE devrait être moins spectaculaire que l'IPC publié en début de mois.
- Les PMI chinois fourniront des informations sur la santé du secteur manufacturier, à quelques jours des « Deux sessions » de mars.
- Plusieurs géants de la technologie, dont Apple, NVDIA et ASML, publieront leurs résultats cette semaine.
Nos convictions
Scénario de base
- Aux États-Unis, la croissance devrait dépasser 2 % en 2025/26, mais les droits de douane et la politique migratoire empêcheront toute désinflation, limitant ainsi les mesures d'assouplissement de la Fed. Cela pourrait créer une divergence, la croissance et l'inflation américaines évoluant dans des directions opposées par rapport aux autres régions.
- Une croissance inférieure à 1 % pendant trois années consécutives (2024-2026) se profile en zone euro, ce qui pourrait contraindre la BCE à continuer d’abaisser ses taux. La croissance et l'inflation devraient être inférieures à celles des États-Unis.
- L'économie chinoise souffre d’un recul de la confiance et de la menace des droits de douane américains. La Chine attend d’en savoir plus sur la politique commerciale américaine avant de s'engager dans de nouvelles mesures de relance, ce qui accentue la divergence des politiques à l'échelle mondiale.
Risques
- Les tensions géopolitiques et l'incertitude affectant le commerce mondial et la diplomatie menacent significativement la stabilité des marchés, et plus particulièrement les petits pays.
- Malgré l'incertitude diplomatique, les marchés espèrent la fin de la guerre en Ukraine, qui constituerait un signe positif pour l'euro et les actions européennes. À ce stade, les dirigeants européens sont marginalisés dans ce processus.
- Étroitement liée au risque de mesures inflationnistes (augmentation des droits de douane et diminution de l'offre de main-d'œuvre immigrée), la progression des rendements obligataires menace notre scénario de base pour les États-Unis.
- Au-delà de l’impact sur l’inflation, les perturbations liées aux droits de douane pourraient freiner le commerce mondial, miner la confiance des investisseurs et amplifier la volatilité des devises, autant d’effets susceptibles de pénaliser la croissance.
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Strategie cross asset et positionnement du portefeuille
- Nous avons entamé l’année 2025 en surpondérant les actions mondiales. Notre approche est de plus en plus équilibrée en termes sectoriels (nous avons relevé la note de la santé aux États-Unis), mais aussi géographiques, car la Chine et la zone euro suscitent un regain d’intérêt. La première pourrait bénéficier d'un répit si une guerre commerciale est évitée, tandis que la seconde se trouve à la croisée des chemins.
- De fait, un cessez-le-feu en Ukraine, le résultat des élections allemandes ou des droits de douane américains punitifs pourraient avoir des conséquences très importantes pour la zone euro. Dans l’immédiat, la faiblesse de la devise est un facteur de soutien. L'amélioration des indicateurs de confiance des entreprises, une banque centrale conciliante et de meilleures perspectives de croissance des bénéfices ont créé un contexte plus favorable aux actions européennes. Si les défis structurels et l'incertitude politique persistent, la combinaison de valorisations bon marché et d'un positionnement historiquement bas des investisseurs justifie une allocation plus équilibrée en faveur des actions de la zone euro.
- À l'approche des « deux sessions » du Congrès national du peuple chinois prévues en mars, nous sommes neutres à l'égard des marchés boursiers émergents, mais avec quelques nuances. Nous sommes plus optimistes sur la Chine que sur l'Inde, alors que les droits de douane américains ciblent en premier lieu le Mexique et le Canada. Ce changement tactique reflète le fait que la guerre commerciale n’est encore, à ce stade, qu’une menace.
- L’économie américaine est portée par une croissance économique robuste (supérieure au potentiel) et par la résistance des bénéfices. À court terme, l'incertitude s’est légèrement accrue après l’apparition d'un nouveau modèle d'IA chinois et la perspective de nouveaux droits de douane d’ampleurs et de dates de mise en œuvre variables. Nous privilégions les secteurs cycliques, qui devraient bénéficier des mesures de relance tournées vers le marché domestique.
- Nous adoptons un positionnement neutre à l’égard du Japon.
- En ce qui concerne les obligations, la divergence des politiques monétaires entre les économies avancées et les économies émergentes rend l'environnement financier international particulièrement complexe. Alors que les baisses de taux améliorent la liquidité sur les marchés développés, les pays émergents affrontent un contexte monétaire plus tendu en raison de pressions sur les devises et de risques inflationnistes. Cette dichotomie souligne l'importance d'un positionnement sélectif sur les marchés obligataires.
- Obligations souveraines :
- Nous avons une position longue sur la duration en Europe, privilégiée par rapport à la dette américaine.
- Nous maintenons une allocation neutre sur la dette émergente.
- Crédit :
- Nous restons globalement neutres sur les segments investment grade et high yield, car les spreads sont serrés et les taux de défaut devraient rester très faibles.
- Les stratégies alternatives jouent un rôle de diversification crucial :
- L'or est privilégié, car il offre une protection contre la volatilité des marchés et les risques géopolitiques.
- Les taux de change resteront incontournables dans les négociations commerciales et la dynamique générale des marchés :
- Les perspectives du dollar sont mitigées, car les choix de politique intérieure pourraient soutenir ou limiter son appréciation. À ce stade, nous maintenons une position longue minime sur le billet vert.
- Le yen pourrait s'apprécier en réponse à la stabilisation de l'économie mondiale, ou grâce à son statut de valeur refuge.
Notre positionnement
Nous maintenons une surpondération des actions mondiales, en adoptant une approche plus équilibrée entre les secteurs et les régions. L'Europe et la Chine reviennent en force, car le rattrapage de ces régions n’est pas terminé : une série de facteurs macroéconomiques, géopolitiques et technologiques ont entraîné des changements notables, que les investisseurs doivent évaluer avec soin. Il s’agit notamment de savoir si ces changements sont des fluctuations temporaires ou des transformations structurelles. En tout état de cause, ils façonnent activement les tendances du marché et les stratégies d'investissement. Sur les marchés obligataires, nous conservons notre préférence pour la duration en Europe « core » (Allemagne), car nous anticipons une faible croissance et de nouvelles baisses de taux de la BCE en 2025. À l'inverse, le risque de hausse des rendements américains demeure. Nous conservons une position longue sur le dollar et le yen.