Bien que le coronavirus circule encore et que les campagnes de vaccination s’avèrent plus difficiles que prévu, les derniers indices PMI manufacturiers résistent bien et se redressent. Alors que les marchés s’orientent vers un rebond mécanique, les données incitent à maintenir les positions liées à la relance au 1er semestre 2021. En effet, un retour imminent à la croissance mondiale après le choc économique dû à la pandémie de COVID-19 semble réaliste. Les politiques monétaires accommodantes des banques centrales seront favorables et le budget de relance devrait augmenter sous le nouveau président Joe Biden. A court terme, les marchés pourraient être déçus par la lenteur des vaccinations, surtout en Europe continentale.
Moteurs du marché
Afin de déterminer notre allocation d’actifs, nous cherchons à identifier les moteurs de marché et à en déduire de fortes convictions de gestion qui incluent actuellement des positions liées à la relance.
Le contexte actuel conjugue plusieurs facteurs favorables à un retour de la croissance mondiale. La croissance économique se généralise et accélère, comme en témoigne le PMI du 4e trimestre.
A cause des nouveaux confinements en Europe, à des degrés et stades variables, la reprise pourrait être en W plutôt qu’en V, avec un rebond moins dynamique début 2021, mais l’économie mondiale s’améliore globalement. Aux États-Unis, la trajectoire est aussi positive. Un important obstacle politique a été éliminé début janvier avec l’élection au second tour de deux sénateurs démocrates en Géorgie, un État du Sud traditionnellement républicain. Comme le programme du nouveau président Joe Biden et sa nouvelle administration seront soutenus par un Congrès uni, Joe Biden aura une plus grande marge de manœuvre pour les projets (plus) verts qui étaient au cœur de sa campagne.
L’actualité récente indique que le contexte est très favorable à une poursuite de la rotation vers les actions de valeur et à une hausse des taux et des cours des matières premières. Les banques centrales donnent des indications prospectives fortes. Les taux d’intérêt réels sont encore négatifs et les conditions financières sont plus souples que jamais, et le seront un certain temps encore. Qui plus est, les gouvernements devraient maintenir leurs politiques budgétaires accommodantes cette année. De plus, l’écart de performance entre les titres de croissance et de valeur est historiquement élevé.
Dans notre stratégie, nous préférons donc les actions aux obligations. Au sein des actions, nous sommes optimistes vis-à-vis des marchés européens et émergents. Nous préférons aussi les petites et moyennes capitalisations américaines et britanniques aux grandes capitalisations. Nous surpondérons également les banques internationales. Du côté obligataire, notre conviction que les positions liées à la relance ont encore du potentiel nous conduit à sous-pondérer les emprunts d’État tout en restant exposés à la dette des marchés émergents (en monnaie locale) et en anticipant une pentification de la courbe des taux. En matière de devises, des opportunités existent pour les monnaies étroitement liées aux matières premières. Le premier semestre bénéficiera de l’effet de rebond mécanique. Reste à savoir si cet effet se poursuivra au deuxième semestre. Il sera délicat de déterminer le moment opportun. Les marchés financiers doivent dépasser les déceptions à court terme liées au virus et à ses vaccins. Toute correction constitue une opportunité d’achat, pour autant que les vaccins soient efficaces à terme.
Résilience
La crise du COVID-19 aura des effets durables sur les entreprises et les pays. Les ménages, les sociétés et les gouvernements ont tous dû s’adapter pour faire face à la pandémie. Les habitudes de consommation et les comportements sociaux ont changé, de même que l’octroi d’aide financière, les prestations sociales et les programmes de protections des salaires. Mais l’écart entre les gagnants et les perdants s’est accentué.
En Europe par exemple, il y eu des divergences de croissance entre les pays selon :
- la vulnérabilité structurelle de certains pays à une telle crise sanitaire (Espagne, Italie, Portugal et Grèce, contrairement à l’Allemagne ou aux Pays-Bas)
et
- leur capacité à gérer leur sortie de la crise - et l’Allemagne s’est démarquée, ici aussi.
Il est donc indispensable d’identifier les pays et secteurs les plus résilients et d’y rester exposé après la pandémie.
En termes de secteurs, cela comprend la technologie, principal segment bénéficiaire de la crise actuelle, la distribution en ligne et la santé. Au niveau des pays, ce sont ceux qui pourront se permettre d’engager les dépenses publiques supplémentaires requises. L’Allemagne aura aussi une certaine marge de manœuvre au niveau fiscal. La hausse structurelle des dépenses publiques grèvera le budget de l’État mais créera aussi des opportunités pour les investisseurs avisés.
Les efforts en termes de développement durable favoriseront les sociétés bénéficiaires du Pacte vert pour l’Europe. Nous investissons par conséquent dans le changement climatique et l’économie circulaire au sein de notre stratégie thématique à long terme.
Risques et opportunités
A première vue, il suffit de trouver un vaccin pour éliminer une pandémie mondiale. Mais en réalité, ce n’est pas aussi simple que cela. La production de masse, le stockage, la distribution et l’administration des vaccins constituent un défi sans précédent et leur déploiement tant attendu est plus lent que prévu. Les gouvernements se voient donc confrontés à une course contre la montre entre le déploiement des vaccins et l’accélération de l’épidémie en Europe, actuellement confrontée à une nouvelle vague. Le Royaume-Uni a par exemple entamé son troisième confinement juste après le Jour de l’An. Sans compter que la menace de nouvelles souches virales pourrait retarder l’immunité collective.
Nous continuons de surpondérer les actions mais couvrons en partie l’exposition aux actions européennes. A court terme, une faiblesse pourrait subsister sur les marchés tant que l’on ne sait pas si le problème du COVID-19 est définitivement résolu. Bien que des indicateurs de sentiment semblent signaler un optimisme excessif, nous estimons qu’il subsiste un potentiel de flux positifs vers les actions (surtout en Europe).
Notre stratégie multi-actifs actuelle
En ce début d’année de reprise, le contexte actuel incite à préférer les actions aux obligations. Notre portefeuille est axé sur plusieurs positions liées à la relance alors que la croissance économique se généralise et accélère. Nous avons une opinion positive sur les actions européennes et émergentes. Bien que nous soyons neutres vis-à-vis des États-Unis, nous surpondérons les petites et moyennes capitalisations américaines et les petites capitalisations britanniques. Pour tirer parti de la rotation vers les actions de valeur et cycliques, nous surpondérons les banques internationales. Parmi les obligations, nous sous-pondérons la dette d’État à faible rendement et la duration, mais surpondérons les emprunts d’État d’Europe périphérique.
Une partie de la stratégie est dédiée à nos convictions fortes à plus long terme. Il s’agit de secteurs influencés par les besoins et progrès en matière de développement durable, de technologie et de santé, en lien avec la transformation des habitudes et des comportements, ainsi que de certains pays offrant des perspectives de croissance à long terme et des marchés boursiers résilients, comme la Chine (via les actions locales) et l’Allemagne (par le biais du DAX).
Pour nous couvrir et nous protéger contre les déceptions alors que les marchés financiers restent vulnérables aux incertitudes de l’ère post-pandémie, nous détenons des stratégies dérivées, de l’or et du yen.