Les marchés restent dans une situation particulière, coincés entre l’espoir d'un vaccin d'ici le début de l'année prochaine et la crainte d'une seconde vague à l'automne. Si les données économiques continuent de faire preuve de résiliences, les restrictions de déplacement toujours en vigueur inquiètent les investisseurs. Il faut espérer que l'abondance de liquidités et l’affaiblissement du dollar américain contribueront à améliorer le sentiment des investisseurs. Faisons le point sur la situation et notre stratégie cross-asset, en tenant compte de ces éléments.
Les données économiques résistent
Dans cette situation particulière,les données économiques restent solides, notamment aux États-Unis. Mais l'Europe est en train de rattraper son retard avec des surprises économiques qui augmentent. Dans le monde entier, les PMI restent particulièrement bien orientés. En Europe, l'indice ZEW bénéficie de la même confiance économique. De la même manière, la Chine, qui a surpris par un ralentissement de la croissance moins important que prévu, pourrait elle aussi retrouver son niveau d'avant la crise d'ici la fin de l'année.
Les banques centrales restent en outre très favorables et les gouvernements sont toujours actifs sur le plan budgétaire. Aux États-Unis, le soutien budgétaire est plus difficile à trouver en cette année d’élections, mais il devrait finir par se concrétiser.
La période de publication des résultats du deuxième trimestre a été moins catastrophique que ce qui était craint, tout comme les prévisions, même si elles sont moins détaillées que d'habitude. A noter que les résultats des entreprises technologiques furent plus positifs qu’anticipé. Pour l'instant, les estimations de bénéfices font ressortir une plus grande résilience que lors du choc de 2008.
L’épidémie reste forte au niveau mondial, mais l'espoir demeure
Le nombre de cas est en baisse aux États-Unis, tout comme les hospitalisations. La jeune génération est désormais la plus touchée, mais semble plus protégée. En Europe, certains pays enregistrent de nouveau une augmentation du nombre d'infections. Trois raisons peuvent expliquer cette situation : le nombre croissant de tests, les flux touristiques des mois d'été et la baisse de la vigilance (notamment chez les jeunes). Mais en raison de ce glissement démographique vers une population plus jeune, le nombre de décès reste faible par rapport au printemps. Certaines restrictions de mobilité ont été réintroduites.
La situation dans l'hémisphère sud, en Australie par exemple, doit également être surveillée pour évaluer l'impact des conditions hivernales sur l'épidémie. Certains pays émergents, comme l'Inde, le Brésil et le Pérou, restent très touchés.
Quels sont les facteurs qui pourraient faire évoluer les marchés et notre positionnement ?
L'épidémie reste la principale source de préoccupation des investisseurs. Les conséquences économiques des différents scénarios sont examinées avec soin. Une deuxième vague en automne ou en hiver rendrait la situation plus difficile pour les entreprises. Des mesures de confinement plus locales pourraient affecter la consommation et la propension des entreprises à investir et à augmenter leurs dépenses d'investissement. À l'inverse, la découverte d'un vaccin plus tôt que prévu serait très favorable et alimenterait l'optimisme des décideurs.
Dans un avenir proche, les élections américaines pourraient influencer davantage les marchés. Si l'on se fie à l'histoire, les investisseurs ne commencent à y prêter vraiment attention qu’à 70 jours environ de la date du scrutin. Les sondages sont actuellement favorables à Joe Biden, mais la véritable question porte sur le contrôle du Congrès. Les chances se sont davantage équilibrées ces derniers temps et le risque d'une vague bleue (démocrate) et d'une hausse des impôts a légèrement reculé. Reste à savoir si la nomination de Kamala Harris comme colistière fera bouger les sondages.
Le sentiment n'est pas excessivement optimiste et les liquidités commencent tout juste à sortir des fonds monétaires. Les actifs risqués devraient donc continuer à être portés par cette abondance de liquidité et par l'amélioration progressive du sentiment des investisseurs, qui devrait également continuer de favoriser les actions, les secteurs (« value ») et les titres cycliques qui accusent du retard dans le rebond économique actuel, ainsi que le crédit investment grade et les obligations émergentes.
Certains actifs, tels que l'or et l'argent, montrent que les investisseurs s'inquiètent d'une dépréciation monétaire. Nous pensons que cette crainte va perdurer, car les banques centrales restent très accommodantes et continuent de fournir des liquidités. Les risques d'inflation restent limités pour cette année et l'année prochaine, mais doivent être surveillés à plus long terme, et justifient pour le moment une approche prudente des obligations d'État.
Notre stratégie multi-actifs actuelle
Notre exposition globale aux actions est restée légèrement prudente, en raison des risques évidents, et nous continuons de couvrir les actions européennes et américaines au moyen d’options et de couvertures de portefeuille (or et JPY).
Pour profiter de la reprise économique en cours, nous maintenons notre exposition à une réduction structurelle de la prime de risque de la zone euro, avec une surpondération des actions de la zone euro par rapport aux actions américaines. Nous conservons également une position neutre envers les actions britanniques. Alors que celles-ci pourraient bénéficier d'un meilleur contrôle de l'épidémie, la situation liée au « Brexit » risque de les pénaliser.
Nous continuons de surpondérer les actions chinoises de classe A et les actions émergentes, tout en sous-pondérant le Japon.
Nous n'avons pas modifié notre allocation obligataire et restons positifs sur le crédit investment grade (Europe et États-Unis) et la dette émergente.
Nous conservons également une préférence pour les durations courtes et une sous-pondération des obligations d'État européennes (sur les pays centraux).
Notre allocation en devises est négative sur l’USD par rapport à l'EUR et acheteuse sur la NOK par rapport à l'EUR.