Au cours du mois d’octobre, le sentiment des investisseurs s’est amélioré grâce à deux événements : l’accord trouvé par le Royaume-Uni avec l’UE (réduisant ainsi le risque de « Brexit » sans accord) et la perspective d’un accord commercial assez rapide entre l’administration de Donald Trump et les autorités chinoises. Même si cet accord ne devrait pas être particulièrement ambitieux, c’est un pas dans la bonne direction. De la même façon, les indicateurs macro-économiques sont toujours assez fébriles, mais les indicateurs avancés s’améliorent.
Les marchés des actions ont globalement connu un excellent mois d’octobre. Les indices à bêta élevé et positivement corrélés au commerce international ont été les plus performants. Le Nasdaq Biotech et l’OMX Stockholm 30 suédois se sont particulièrement distingués avec des gains de respectivement 7,73 % et 5,22 %. Au niveau sectoriel, les soins de santé, la technologie, la consommation discrétionnaire et l’industrie ont surclassé les valeurs défensives.
Les rendements souverains à long terme ont légèrement augmenté au cours du mois dans les pays développés. Le rendement du Bon du Trésor américain à 10 ans est passé de 1,68 % à 1,80 %. Sur le marché des dettes d’entreprises, les émissions plus risquées ont fait mieux que les titres de bonne qualité.
Les matières premières ont globalement connu un bon mois. Les futures sur l’huile de palme ont bondi d’un peu plus de 17 %, atteignant un sommet sur 2 ans. Les niveaux des stocks publiés par le Malaysian Palm Oil Board sont visiblement ressortis en dessous des attentes des marchés.
Le HFRX Global Hedge Fund EUR a baissé de 0,19 % durant le mois d’octobre.
Stratégie Long Short Equity
Selon les données compilées par Morgan Stanley Prime Brokerage, le mois d’octobre a été un mois correct pour les stratégies long/short actions. En moyenne, le groupe de référence des stratégies long/short globales a livré un rendement de +1,38 %. Les fonds long/short européens et asiatiques ont fait mieux que leurs homologues centrés sur les États-Unis, profitant du redressement du sentiment des investisseurs. Néanmoins, depuis le début de l’année, les stratégies long/short sur les actions américaines ont été nettement plus profitables que leurs homologues en actions européennes ou asiatiques. Selon le même rapport, 2019 est en bonne voie pour se hisser parmi les meilleures années en termes de génération d’alpha. Durant le mois d’octobre, l’effet momentum a de nouveau faibli. L’actuelle corrélation négative entre les facteurs momentum et value profite aux gestionnaires ayant un biais value. Depuis le début de l’année, la stratégie affiche toujours de bonnes performances. L’environnement actuel n’est toutefois pas facile à appréhender en raison des incertitudes pesant sur l’économie et des brusques changements de sentiment des investisseurs. Toutefois, de fortes perturbations génèrent toujours des opportunités d’investissements à la hausse ou à la baisse. Cette stratégie offre une large panoplie de leviers permettant de profiter des restructurations industrielles et de la dispersion sectorielle à la hausse ou à la baisse.
Stratégies Global Macro
Octobre a été un mois difficile pour les stratégies Global Macro systématiques qui ont souffert du renversement de momentum. En moyenne, les gérants ont accusé des pertes sur les positions longues en obligations, le long USD et les shorts sur l’énergie. Les performances des stratégies discrétionnaires ont été plus disparates. Les positions longues sur les actifs argentins se sont révélées positives. Par ailleurs, sur le court terme, la plus grande flexibilité offerte aux gestionnaires leur a permis d’ajuster les positions. Sur les marchés développés, les taux semblent avoir atteint un plancher. Le segment du High Yield émergent commence à attirer les investisseurs. Dans cet environnement, nous privilégions les gestionnaires discrétionnaires opportunistes qui peuvent faire preuve de patience pour guetter les renversements sur les marchés des actifs. Ce type de gestionnaire peut utiliser ses compétences analytiques et son expérience pour générer des profits à partir de quelques réelles opportunités au niveau mondial.
Stratégies quantitatives
Les stratégies de suivi de tendance systématiques ont de nouveau souffert en octobre, accusant des pertes sur les marchés des changes et les positions longues sur les obligations. Par ailleurs, les performances des stratégies d’arbitrage statistique à court terme se sont révélées plus disparates. Certaines stratégies ont profité de la hausse de la volatilité pour afficher des performances robustes tout en affichant toujours une performance négative depuis le début de l’année. L’environnement demeure compliqué pour les stratégies d’arbitrage statistiques en raison de l’affaiblissement de l’effet momentum. Malgré ce renversement, la corrélation entre le momentum, la faible volatilité et la qualité -par rapport aux considérations value- demeure à des niveaux extrêmes. On pourrait donc s’attendre à ce que la rotation vers les facteurs value continue.
Stratégies d’arbitrage de taux
Le mois dernier, nous écrivions que le nouveau programme LTRO de la BCE et le ton plus accommodant adopté par la Fed devraient soutenir la poursuite de l’élargissement des spreads de swap. Les banques centrales ont toutefois marqué une pause dans leur rhétorique accommodante, ce qui a précipité un net renversement de tendance sur les marchés des taux américains et européens. À noter l’effet de la convexité positive de la stratégie, qui a bien réagi à ce brusque changement de direction, avec des gains importants dans le trading de base aux États-Unis tout comme dans les investissements en valeur relative en yens.
Marchés émergents
Les marchés émergents ont récupéré une partie de leurs pertes, profitant du redressement du sentiment des investisseurs par rapport aux opportunités de valeur relative. Le tableau d’ensemble est encore marqué par un niveau élevé d’incertitude bien que dans un environnement de faible croissance, les actifs émergents demeurent attractifs pour les investisseurs en quête de rendement. De plus, la baisse des taux américains ces derniers temps a éloigné la menace liée aux dettes en dollars des économies émergentes. Comme attendu, Alberto Fernandez a remporté les élections d’octobre en Argentine. Sa politique sera suivie de près en tant que futur indicateur de l’attractivité du pays et des investissements dans les marchés émergents. L’environnement demeure compliqué pour les stratégies dans les marchés émergents. Toutefois, d’importants renversements de tendance créent des opportunités pour les gestionnaires opportunistes chevronnés.
Risk arbitrage – Event-driven
2019 est jusqu’à présent une année moyenne pour les stratégies événementielles, tout particulièrement par comparaison avec les stratégies plus directionnelles. Les performances des stratégies de pur arbitrage de fusions sont plutôt mitigées. Les incertitudes économiques et géopolitiques ont eu un impact négatif sur le volume d’annonces de fusions et d’acquisitions. Cependant, un volume soutenu d’opérations importantes (plus de 20 milliards de dollars) depuis le début de l’année devrait placer 2019 parmi les bonnes années en termes de fusions et acquisitions. Nous sommes confiants quant aux opportunités pour les stratégies d’arbitrage de risques en raison de l’environnement accommodant avec des conditions de financement favorables et la volonté des dirigeants d’entreprises de dénicher de nouvelles sources de croissance. De plus, les spreads pour les opérations importantes sont actuellement à des niveaux attractifs en raison de la complexité grandissante du processus d’approbation, surtout aux États-Unis. Il est aussi intéressant de noter que l'activisme croissant des actionnaires par rapport aux opérations de fusion et acquisitions contribue à maintenir les spreads élevés. Enfin, dans des pays comme le Japon, certains gestionnaires ont souligné que des initiatives en matière de gouvernance d'entreprise ont donné lieu au dénouement de plusieurs participations croisées d’actionnaires au cours des derniers mois.
Entreprises en difficulté
L’appétit des investisseurs pour le risque en 2019 a annihilé en grande partie l’élargissement des spreads observé au 4e trimestre 2018. Les stratégies exploitant les difficultés des émetteurs ont actuellement tendance à surpondérer les opportunités d’investissement en catalyseurs externes, ce qui réduit l’impact négatif du bêta. Les gérants augmentent leur niveau de cash afin de disposer des liquidités nécessaires dans l’attente de recharger leur portefeuille quand de nouveaux titres arriveront sur ce segment des entreprises en difficulté. Nous surveillons de près les gestionnaires actifs dans ces stratégies, au vu du potentiel de rendement important, mais restons pour l’instant globalement à l’écart.
Stratégies Long Short Crédit & High Yield
Malgré une volatilité un peu plus importante, les spreads -soutenus par la quête de rendement- continuent à évoluer dans la même direction. Nous continuons donc à sous-pondérer ces stratégies étant donné qu'il n'y a que peu ou pas d’intérêt à jouer la baisse sur le marché du crédit, où il y a une forte demande et où le coût de portage négatif est assez élevé.