Depuis une décennie, les marchés boursiers américains dominent largement le reste du monde en raison d’une forte dynamique du secteur technologique et d’un environnement macroéconomique propice. Paradoxalement, depuis l’élection de Donald Trump, cette tendance s’est inversée et le marché américain semble avoir temporairement perdu ce rôle de leader. En date du 25 février 2025, le Nasdaq 100 reste très proche de son niveau de début d’année tandis que toutes les « Magnificent 7 »[1] hors Meta enregistrent des baisses. L’action Tesla, en baisse de plus de 20%[2] illustre la fin de « l’effet Trump » sur le marché américain.
Les investisseurs réévaluent ainsi cette année leur stratégie d’investissement, privilégiant désormais les actions européennes ou de certains pays émergents comme la Chine. Cette évolution est confirmée par l’analyse des flux du mois de janvier 2025 qui montre un net ralentissement des investissements dans les actions américaines et plus particulièrement dans le secteur de la tech, au profit de l’Europe (à l’exception du Royaume-Uni). La Chine attire également les investisseurs depuis l’annonce de DeepSeek, les investisseurs étrangers achetant les valeurs technologiques chinoises et délaissant l’Inde.
Après une phase de pessimisme extrême sur le marché européen au lendemain de l’élection américaine, la dynamique s’est inversée. La valorisation des actions européennes est nettement plus faible comparée aux actions américaines. Le ratio cours/bénéfice ajusté par secteur en Europe affiche une décote de 23 % par rapport aux États-Unis, bien supérieure à la moyenne historique. Par ailleurs, la diversification des marchés européens contraste avec la forte concentration des marchés américains autour des géants de la tech. Les marchés financiers en Europe sont aujourd’hui mieux répartis entre les secteurs financiers, industriels et les biens de consommation. Le contexte européen reste fragile et vulnérable tant sur le plan politique qu’économique. Cependant, à court terme, la fin du conflit en Ukraine, la stabilisation des prix de l’énergie et l’assouplissement budgétaire en Allemagne sont autant de potentielles surprises positives qui attirent les investisseurs. Soutenue par une BCE plus accommodante, l’économie européenne montre également des signes d’amélioration, notamment dans l’industrie manufacturière et la construction, tandis que les conditions de crédit s’améliorent.
A plus long terme, les États-Unis conservent des atouts majeurs. L’innovation reste leur principal moteur, notamment dans la technologie et l’intelligence artificielle, qui offrent des perspectives de croissance à long terme. Les entreprises américaines se distinguent par une rentabilité supérieure à celle de leurs homologues européennes, tirée par une meilleure allocation du capital et un environnement économique plus dynamique. Il est probablement beaucoup trop tôt pour appeler à la fin de l’exceptionnalisme américain. Et ceci est renforcé notamment par le fait que les risques géopolitiques et économiques dépendent en grande partie des décisions politiques américaines, contre lesquelles les marchés boursiers semblent constituer, pour l'instant, le principal rempart.
Dans ce contexte, nous préconisons une stratégie d’investissement plus équilibrée . une entre les marchés américains et européens. Une telle diversification nous semble permettre de mieux gérer les risques et de saisir les opportunités spécifiques à chaque région. Nous avons accru notre exposition aux actions européennes notamment dans des secteurs sous-évalués tels que la finance, l’industrie ou les midcaps allemandes. Cependant, nous maintenons une allocation de base aux actions américaines qui reste nécessaire en raison de leurs avantages structurels.
données au 24.02.2025
[1] Définies comme Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia, Tesla. Source de la définition : US News, 7 janvier 2025.
[2] La performance de Tesla est mentionnée ici à titre d'exemple uniquement et ne doit pas être considérée comme une recommandation d'investissement ou un indicateur des tendances futures du marché.