Les complexités de l'investissement dans la défense

Selon l'Institute for Economics & Peace, il y a actuellement 56 conflits actifs dans le monde, le plus grand nombre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.[1] Dans un contexte géopolitique de plus en plus complexe, l'initiative ReArm Europe interpelle les investisseurs, d’un point de vue analytique.

Si notre approche de ce sujet est nuancée, quatre points importants se détachent néanmoins : 

  • Nous n’investissons pas dans des entreprises qui produisent des armes interdites par les conventions internationales et certaines réglementations locales.
  • Nous pouvons investir dans des entreprises de défense conventionnelles dans le cadre de stratégies d'investissement spécifiques, mais uniquement après une analyse fondamentale approfondie.
  • Dans les fonds article 9 selon la classification SFDR, nous n'investissons pas dans la défense[2].
  • Pour chacun de nos fonds, nous fournissons aux investisseurs une transparence totale sur nos exclusions et les justifications analytiques relatives aux investissements dans la défense. 

 

Gestion active et conscience aigüe des risques.

Nombre de nos stratégies d'investissement intègrent des évaluations approfondies de la durabilité afin d'identifier, d'évaluer et de gérer à la fois les risques et les opportunités. Ce principe est au cœur de notre philosophie d'investissement.

En outre, nous pensons que l'investissement peut jouer un rôle majeur dans la promotion d'un monde plus durable et d'une Europe plus sûre. Toutefois, les investisseurs durables doivent rester conscients des défis intrinsèques des différents secteurs. Le secteur de la défense en particulier, bien qu'il ait été un investissement rémunérateur au cours des trois dernières années,[3] comporte certains risques. La complexité du secteur, de l'amont aux marchés finaux, se traduit souvent par un manque de transparence et de traçabilité. Cela peut exposer les investisseurs à des problèmes juridiques et éthiques, tels que la corruption et les violations des droits de l'homme, qui peuvent à leur tour représenter des risques réputationnels et réglementaires. Ces risques sont inhérents au secteur de la défense. Il a toujours été difficile de savoir qui utilisera quelles armes, contre qui, comment et quand, comme il est impossible de garantir que l'allié d'aujourd'hui ne deviendra pas l'adversaire de demain. 

 

Des principes robustes, et une gamme de produits plus en nuances.

Nous disposons depuis longtemps d'un cadre solide et transparent pour l'investissement dans les actions du secteur de la défense, et leur exclusion. Ce cadre a été conçu pour le long terme. Il répond à des principes solides et stables, tout en offrant la souplesse nécessaire pour s'adapter à des environnements en constante évolution.

Selon ce cadre, nous gérons une gamme de stratégies d'investissement de différents types - allant de stratégies "traditionnelles" à des stratégies d'intégration ESG, ainsi que des fonds ayant des objectifs d'investissement durable – et nous appliquons des politiques claires en matière de défense pour chacune d'entre elles.

Depuis avant 2006, nous excluons de l'ensemble de nos investissements les armes interdites par les conventions internationales et certaines réglementations locales, telles que les mines antipersonnel, les bombes à fragmentation, les armes à uranium appauvri, les armes chimiques, les armes biologiques et le phosphore blanc Candriam Exclusion Policy .

Pour les armes conventionnelles, nous appliquons une approche nuancée, et offrons aux investisseurs une gamme de solutions répondant à différentes exigences et différents degrés d’appétences au risque :

  • Nos stratégies "traditionnelles" peuvent investir dans des émetteurs ayant une exposition aux armes conventionnelles.
  • Certaines de nos stratégies conscientes des facteurs ESG (par exemple, certains fonds Article 8) peuvent investir dans des émetteurs ayant une exposition modeste aux armes conventionnelles, c'est-à-dire des sociétés qui tirent 10 % ou moins de leurs ventes/chiffres d’affaires de la production, du commerce, des essais ou de l'entretien d'armes conventionnelles ou de composants/services essentiels aux armements.
  • Pour nos fonds ayant des objectifs d'investissement durable (par exemple, nos fonds article 9) et certaines de nos stratégies d'intégration ESG (par exemple, certains fonds article 8), ce seuil tombe à 3 % des ventes/chiffres d’affaires.

Ayant mis en place une équipe interne d'analyse de la durabilité en 2005,[4] nous avons le bénéfice du recul. Alors que le monde devient de plus en plus complexe, nous sommes de plus en plus convaincus du fait que le meilleur contrôle des risques réside à la fois dans l'application de principes stricts et dans une compréhension nuancée de chaque situation. Cela ne signifie pas déformer le récit pour l'adapter aux opportunités du moment ou pour suivre les tendances de marché. Cela signifie que nous complétons toujours les informations des fournisseurs de données par nos propres analyses ; en cas de donnée peu claire ou incomplète, nous interrogeons directement le fournisseur de données et/ou la société, au travers de notre engagement.

 

Trouver un équilibre entre sécurité et objectifs sociaux et économiques.

Pour les investisseurs, que signifient les risques susmentionnés inhérents à la défense en termes d'exposition aux « emprunts de défense », ou à la dette de toute nation souveraine qui investit dans les armes ?

Pour tout émetteur souverain, il convient de prendre le compte les implications générales des dépenses de défense. La nation est-elle une démocratie ou un régime oppressif ? Ses dépenses de défense contribuent-elles à la sécurité nationale sans être au détriment de l'éducation, des soins de santé, des infrastructures, ou sans mettre en péril la croissance économique ? Notre modèle multifactoriel de durabilité souveraine évalue, entre autres, la transparence, la corruption, la qualité de la gouvernance interne, y compris les marchés publics, les dépenses militaires, les conflits et la sécurité extérieure.

Chez Candriam, les obligations spécifiquement dédiées aux dépenses de défense peuvent actuellement être détenues dans des portefeuilles "traditionnels" et dans des stratégies conscientes des facteurs ESG (c'est-à-dire dans les fonds article 6 et certains fonds article 8), tant qu'elles adhèrent à nos contraintes d'investissement générales. Cependant, elles sont actuellement exclues de nos fonds ayant des objectifs d'investissement durable  (c'est-à-dire des fonds article 9).

 

Et demain ?

Au 31 mars 2025, douze des plus grandes sociétés de défense par capitalisation boursière sont basées en Europe, et treize aux États-Unis. L'aérospatiale et la défense représentent environ 4,5 % de l'indice MSCI Europe et 2 % de l'indice MSCI US[5]. Mettant en œuvre notre approche dans l'environnement actuel, nous continuons à nous appuyer sur nos processus éprouvés, tout en restant agiles et appliquant une analyse approfondie. En conséquence, nous surveillerons le développement potentiel d’activités liées à la défense par des sociétés de différents secteurs, et nous veillerons constamment à la pertinence de nos seuils d'exclusion à la lumière des risques encourus. 

 

Zones touchées par des conflits et zones à haut risque

Le secteur de la défense n'est pas le seul à être de plus en plus complexe à évaluer du point de vue de la durabilité. Une part de plus en plus importante d'entreprises ont des activités de vente, d'approvisionnement ou d'exploitation dans ce que l'on appelle les "CAHRA" (Conflict-Affected and High-Risk Areas). Leur problème est en fait une simple question d'arithmétique. Au cours des dernières décennies, les sociétés multinationales avaient le luxe de pouvoir éviter les régions affectées par des conflits. Non seulement le nombre de ces conflits augmente, mais certains d'entre eux se déroulent désormais dans zones économiquement importantes : la Russie représente 1,9 % du PIB mondial*, et Israël 0,5 %. Pour en savoir plus sur ces dilemmes, consultez notre étude de cas : Sustainability on the Front Line.

 

 

[1] IEP, The Institute for Economics & Peace, un groupe de réflexion indépendant à but non lucratif. Indice de paix mondiale 2024 : Measuring Peace in a Complex World, Sydney, June 2024. (consulté le 27 mars 2025).
[2] Dans les fonds article 9, Candriam applique un seuil d'exclusion de 3 % pour l'armement conventionnel, et exclut ainsi les entreprises qui tirent plus de 3 % de leurs ventes/ chiffre d’affaires total de l'armement conventionnel.
[3] Pour la période de trois ans se terminant le 31 mars 2025, l'indice MSCI European Aerospace a progressé de 151,31 %, contre 29,7 % pour l'indice MSCI Europe.  Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures.
[4] Notre expérience en matière d'investissement durable remonte à 1996.
[5] Source : Bloomberg 

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