Les vents contraires qui menacent l’économie sont actuellement si nombreux qu’il est difficile d’isoler, en quelques mots, LE facteur ayant le plus d’impact sur la détérioration des fondamentaux. Néanmoins, la crainte d’un atterrissage brutal des grandes économies – notamment l’économie américaine – est bien présente et cristallise l’ensemble des difficultés auxquelles nous sommes confrontés.
La probabilité désormais plus importante d’une entrée en récession a ainsi plombé les marchés des actions. Dans le sillage d’un premier trimestre médiocre en termes de performance, la plupart des indices boursiers ont clôturé le mois dans le rouge. Les indices technologiques et les indices des petites capitalisations ont particulièrement souffert, enregistrant des pertes comprises entre 6 et 9 %, voire légèrement supérieures à 10 %. Au niveau sectoriel, les valeurs cycliques, les titres technologiques chers et la consommation discrétionnaire ont sous-performé l’énergie et les secteurs défensifs tels que la consommation courante et les services publics.
Les rendements souverains ont poursuivi leur progression. La courbe des rendements des bons du Trésor américain s’est déplacée vers le haut, tout en restant presque complètement plate. Les spreads de crédit ont continué de s’élargir légèrement, mais restent proches des planchers de 2020.
Les contrats à terme sur le gaz naturel, le charbon, le pétrole et les matières premières agricoles ont encore progressé, tandis que les métaux industriels ont reculé de 1 à 5 %.
L’indice HFRX Global Hedge Fund EUR a affiché une performance de -1,05 % durant le mois.
Stratégies Long-Short Equity
Les indices Long-Short Equity ont enregistré des performances négatives sur le mois. Si les stratégies axées sur la croissance ont été très en vue durant la décennie écoulée, leurs contributions négatives dans la technologie et la consommation discrétionnaire ont dégradé la performance moyenne. Les performances des fonds Long-Short ont toutefois affiché une certaine dispersion. Les fonds Long-Short Equity « market-neutral » et les fonds axés sur la sélection de titres avec un biais Value ont réalisé des performances appréciables. En moyenne, les fonds Long-Short Equity affichaient un faible niveau de risque en début de mois, après avoir continuellement réduit leurs expositions (brutes et nettes) depuis le début de l’année. En avril, leur performance relative a été solide, avec de faibles ratios de capture à la baisse. Nous restons convaincus que les fonds ne sont pas prêts à accroître leur risque significativement, mais prendront des positions longues sélectives et renforceront leurs portefeuilles de positions short. À court terme, les stratégies Long-Short Equity efficaces devraient ainsi protéger le capital de leurs investisseurs en maintenant les expositions brutes et nettes dans le bas de la fourchette. La guerre exacerbe certains des défis auxquels les entreprises du monde entier sont confrontées. Tandis que la sélection sera essentielle, la perspective Long-Short procurera un net avantage par rapport aux solutions actions Long-Only.
Stratégies Global Macro
En moyenne, les gérants Global Macro ont affiché de bonnes performances en étant les grands bénéficiaires de la hausse des niveaux de volatilité, confirmant l’adage selon lequel « tout dépend du point de vue où l’on se place ». Des stratégies discrétionnaires et systématiques judicieuses ont ainsi tiré parti d’un régime de volatilité plus élevée et d’une réévaluation des primes de risques sur les marchés d’actions, de taux, de change et de matières premières pour déployer du capital dans des investissements fructueux. Les positions longues sur matières premières et short sur actions ont généré les meilleures performances, mais les gérants macro spécialisés sur les marchés obligataires ont également dégagé des résultats appréciables. Comme évoqué précédemment, les stratégies Global Macro bénéficient d’un meilleur environnement pour déployer du capital, alors que les banques centrales réduisent les injections de liquidités et planifient des hausses de taux. Cette guerre infâme a dopé la volatilité du marché, une évolution que nous anticipions en raison de la diminution du soutien budgétaire et monétaire. Les primes de risque sont globalement volatiles et les gérants Macro devraient être en mesure de tirer parti de ces mouvements de marché. Nous continuons de privilégier les gérants opportunistes discrétionnaires, qui peuvent s’appuyer sur leurs compétences analytiques et leur expérience pour générer des bénéfices à partir d’opportunités sélectives dans le monde entier.
Stratégies quantitatives
Les stratégies quantitatives demeurent très actives. Récoltant les bénéfices d’un régime de volatilité plus élevée, elles ont à nouveau enregistré de solides performances en avril. Les tendances des marchés de taux, de devises et d’actions restent des moteurs de performance robustes. Les stratégies quantitatives multi-modèles les plus en vue se portent également très bien, générant des performances à deux chiffres depuis le début de l’année. Sur les trois dernières années, ces stratégies ont permis une diversification hors des actifs traditionnels, dont les performances depuis le début de l’année ont rarement été aussi mauvaises en 20 ans.
Arbitrage de taux
Les pressions inflationnistes ont dominé et poussé les rendements à la hausse, sur fond de rhétorique agressive de la Fed. Toutefois, le relèvement des taux d’intérêt sera progressif et la Fed restera nettement derrière la courbe si l’inflation persiste à son niveau actuel. L’impact sur la courbe des taux a été assez direct : celle-ci s’est pentifiée et sa partie longue a augmenté de 50 pb, flirtant avec le seuil des 3 %. Avril a offert un terrain de jeu idéal aux investisseurs obligataires (directionnels ou de valeur relative) : la partie courte de la courbe des taux américains sous-estime à la fois l’ampleur et le rythme des hausses de taux, tandis que l’extrémité longue progresse et que les spreads de swaps restent volatils, tout comme les contrats à terme sur l’ensemble des courbes de taux. Ce contexte a permis aux gérants obligataires de générer des performances particulièrement robustes.
Marchés émergents
Les stratégies sur les marchés émergents ont souffert de deux événements idiosyncratiques majeurs – une guerre en Europe de l’Est et la politique « zéro Covid » en Chine –, mais aussi d’un sentiment d’aversion au risque généralisé. En revanche, la vigueur des prix des matières premières a suscité des opportunités en Amérique latine et parmi les pays exportateurs d’autres régions. Les performances ont été dispersées, en fonction des univers d’investissement ciblés par les gestionnaires. Peu de fonds spéculatifs couvrent l’ensemble des marchés émergents. Ils ont plutôt tendance à se spécialiser dans certaines régions particulières. Si cette stratégie offre certaines opportunités d’investissement, nous restons prudents à ce stade, car la baisse des prévisions de croissance et la hausse des taux d’intérêt sur les marchés développés constituent autant de signaux d’alerte pour le monde émergent.
Stratégies Risk Arbitrage – Event Driven
Les stratégies Event-Driven ont été relativement neutres au cours du mois d’avril. Les stratégies d’arbitrage de fusions sont restées globalement stables, les contributions positives des transactions qui ont progressé étant contrebalancées par un léger élargissement des spreads dû à la montée des incertitudes. Les marchés de crédit continuent de fonctionner, ce qui permet de financer les transactions. En revanche, la volatilité accrue des cours boursiers et la révision des prévisions de résultats pourraient entraîner la renégociation de certaines transactions. Les stratégies plus exposées aux situations spéciales dans le secteur de l’énergie ont eu tendance à surperformer leurs homologues. Si le secteur n’anticipe pas pour 2022 un volume d’activité avoisinant le niveau record de l’année dernière, les nombreuses transactions en préparation fourniront autant d’opportunités d’allocation de capital. Facteurs de risque à ne pas négliger, la hausse des taux d’intérêt et la volatilité des actions contribueront cependant à maintenir des spreads plus larges et à éviter un encombrement excessif pour la stratégie. Alors que les investisseurs recherchent la diversification, l’arbitrage de fusion constitue un outil intéressant, dont les échéances sont structurellement courtes et dont les spreads de transactions sont positivement corrélés à la hausse des taux d’intérêt.
Stratégies Distressed
En dépit d’un léger élargissement des spreads de crédit, l’environnement est pour le moment relativement calme en ce qui concerne les stratégies distressed. En dehors de cas spécifiques, les spreads des obligations, des prêts et des produits structurés restent relativement serrés. Si l’univers des opportunités s’avère modeste, les incertitudes économiques ne peuvent être négligées, car les niveaux d’inflation actuels limiteront la capacité des banques centrales à soutenir à nouveau les marchés. En outre, les taux de référence restent proches de leurs points bas, car la Fed vient seulement de commencer à relever ses taux, alors que la BCE envisage de suivre cette voie au début de l’été. Tandis que les volumes d’émission depuis 2010 sont très élevés et que les conditions d’accès au crédit ont été relativement souples, le gisement d’opportunités devrait être conséquent. Le contexte risque toutefois de rester compliqué, en raison des bouleversements géopolitiques et économiques provoqués par la guerre en Ukraine.
Stratégie Long Short Crédit & High Yield
Les spreads de crédit se sont élargis en Europe et sur les marchés émergents, mais restent relativement proches de leurs plus bas historiques aux États-Unis. Les investisseurs estiment désormais que « le put de la Fed » est voué à perdre de son influence, ce qui améliorera les opportunités de sélection de crédit dans une perspective Long-Short. Les opportunités de crédit liées à l’immobilier chinois sont susceptibles d’être exploitées par certains fonds spéculatifs disposant de capacités de recherche en Asie. Bien que la débâcle d’Evergrande soit encore dans tous les esprits, la possibilité que le gouvernement chinois autorise la répétition d’un scénario à la Lehman est jugée moins probable, compte tenu du poids du secteur immobilier au sein de l’économie chinoise. Les spreads de crédit des marchés émergents se sont considérablement élargis. Estimant que les banques centrales des marchés émergents sont en avance dans le processus de resserrement monétaire et que les prix élevés des matières premières aideront les pays exportateurs à maintenir leurs bilans sous contrôle, de nombreux gérants considèrent qu’il s’agit d’une opportunité attrayante.