Actions européennes: le coup de pouce des banques centrales
Les actions européennes ont rebondi en juin, profitant du ton accommodant de la Fed et de l’espoir d'une amélioration des relations commerciales lors du G20. Une fois encore, les banques centrales d’Europe et des États-Unis ont joué les super héros, leurs responsables respectifs Mario Draghi et Jerome Powell ayant clairement annoncé se tenir prêts à intervenir si l’économie le nécessitait. La possibilité d’une réduction des taux ou de l'adoption de nouvelles mesures de relance a poussé les investisseurs à réinvestir dans les valeurs cycliques, suscitant au passage l’envolée des marchés des actions.
Nous avons réduit notre biais en faveur des valeurs de qualité/croissance car ces dernières sont relativement chères, et réinvesti les produits de ces ventes dans des titres davantage axés sur la valeur. Nous maintenons notre surpondération de la finance dans la mesure où la baisse des taux d'intérêt est déjà prise en compte par les marchés et que l’objectif de déficit du budget italien semble s'améliorer. Le resserrement des spreads italiens est favorable au secteur, et les valorisations ont atteint un point bas. Nous conservons un positionnement neutre sur l’immobilier malgré la faiblesse des taux d'intérêt (qui s’explique par les incertitudes sur le gel des prix de l’immobilier à Berlin et, potentiellement, aux alentours).
Actions américaines: les valeurs cycliques permettent de nouveaux sommets
Les marchés ont rebondi au mois de juin. Les États-Unis et l’Asie signent parmi les meilleures progressions. Contrairement au mois précédent et en dépit du rebond généralisé des obligations, les secteurs cycliques ont vivement sous-performé les valeurs défensives. Parallèlement, le style Value a progressé par rapport au style Momentum. Tous les secteurs ont terminé la période dans le vert, à l’exception des REIT. Les valeurs cycliques qui avaient sous-performé en 2018, les entreprises exposées à la Chine et les valeurs cycliques dans leur ensemble ont généré parmi les meilleures performances, tandis que les secteurs défensifs et les styles axés sur la faible volatilité et le Momentum de long terme sont restés à la traîne.
Ce type de scénario, dans lequel les valeurs cycliques ont permis aux marchés américains d'atteindre de nouveaux sommets dans un environnement complexe, difficilement prévisible et marqué par des incertitudes commerciales et un ralentissement économique, est pour nous sans précédent. Par conséquent, certains indicateurs (commandes de camions, notamment) ont dégringolé, laissant entrevoir un essoufflement de l'économie, tandis que les entreprises plus volatiles ont, contre toute attente, bien progressé. Ailleurs, les rachats d'actions (1 000 mds USD) observés cette année ont donné un véritable coup de fouet aux actions américaines. Les marchés des actions devraient rester stables au cours de l’été, à moins que les tensions géopolitiques ne s'accentuent. Par prudence, les investisseurs ne sont pas pleinement investis. La progression des technologies de l’information devrait permettre au marché américain de surperformer ses homologues, mais les incertitudes qui pèsent sur la saison des résultats à venir et les risques spécifiques à certains titres brouillent toute projection du marché.
Après une vive chute en mai en raison de doutes quant à l’offre, les cours du pétrole ont rebondi, les États-Unis ayant lancé une nouvelle vague de sanctions à l’encontre de l’Iran. Les réductions de stock plus importantes que prévu ont par ailleurs joué un rôle dans l’envolée des cours. En juin, le dollar américain a cédé du terrain après une croissance positive sur quatre mois consécutifs, la Fed ayant assoupli le ton.
Nous avons légèrement renforcé notre exposition aux valeurs cycliques. Notre allocation aux secteurs américains demeure prudente/neutre en raison de la complexité de l’environnement actuel, dont le potentiel de hausse et la visibilité sont limités pour le marché. Nous conservons une pondération « neutre » sur les technologies de l’information afin de faire preuve de prudence à l’approche de la saison des résultats. Parallèlement, nous sommes positifs vis-à-vis des soins de santé dans la mesure où le secteur devrait offrir des résultats intéressants. Notre positionnement général sur les États-Unis reste inchangé, et nous surveillons attentivement le dénouement des discussions (géo-)politiques (Chine -États-Unis -Iran).
Actions émergentes: apaisement des tensions commerciales & assouplissement des banques centrales
En juin, les marchés émergents ont retrouvé le chemin de la hausse, mais ils affichent cependant une sous-performance par rapport aux marchés développés.
La mise au point attendue par les investisseurs quant au positionnement accommodant de Fed, l’affaiblissement du dollar américain et l’allègement de certaines pressions sur les banques centrales émergentes ont soutenu le rebond des marchés, en dépit de la faiblesse généralisée de l’économie et des anticipations de bénéfices.
Le conflit commercial qui oppose la Chine aux États-Unis, ainsi que l’affaire Huawei, se sont améliorés en fin de mois. En effet, à l'approche de sa réunion avec le président Xi Jinping lors du sommet du G20 à Osaka, Donald Trump a annoncé une trêve dans le conflit.
Les mesures de relance chinoises et la hausse des cours du pétrole et des matières premières ont également soutenu la performance. À l’exception de l’Inde, qui a été pénalisée par les prises de bénéfices euphoriques déclenchées après la réélection de Modi au mois de mai, tous les marchés ont progressé. Les meilleures performances ont été enregistrées par les marchés et secteurs qui avaient le plus souffert en mai, à savoir notamment la Chine, la Corée, la Russie et le Brésil.
Sur le plan sectoriel, si l'énergie a bénéficié de l'augmentation des cours pétroliers et de la montée des tensions entre les États-Unis et l’Iran, les secteurs liés aux technologies ont connu en juin leur meilleur mois de l’année, récupérant de leur précédent accès de faiblesse (les technologies ont été impactées par la guerre commerciale, la fragilité des semiconducteurs, l'affaire Huawei et l’anémie des géants technologiques aux États-Unis).
Malgré une performance positive de plus de 9 %, les marchés émergents ont néanmoins sous-performé leurs homologues développés depuis le début de l’année en raison notamment de la bonne progression de l’ensemble des marchés. En dépit d’un léger passage à vide au deuxième trimestre, et outre la Russie qui se démarque par une performance positive de plus de 28 %, le Brésil (14 %) et la Chine (11,5 %) enregistrent les meilleures performances de la sphère émergente en cette première partie d'année 2019. À l’exception des soins de santé, la plupart des secteurs se sont bien comportés, quoi qu’à des degrés différents.
Notre exposition aux soins de santé a été abaissée à « neutre » car le secteur est relativement cher et il pourrait être impacté par l'affaiblissement du dollar américain. Nous avons maintenu notre surpondération de l’industrie, qui bénéficie des mesures de relance en Chine. Nous privilégions la région ASEAN qui est davantage tournée vers le marché local et moins affectée par les incertitudes commerciales.
Pour le second semestre, la confiance des investisseurs devrait être portée par le ton accommodant généralisé des différentes banques centrales dans le monde, dans un environnement marqué par une croissance économique mondiale modérée et des problématiques/discussions commerciales persistantes. Ces derniers éléments auront un impact sur l’évolution du dollar et des devises émergentes, ce qui incitera en retour la Chine à poursuivre ses mesures de relance. Le contexte géopolitique accentuera la volatilité, tout comme les prix du pétrole et de l’or. Les valorisations demeurent favorables, mais la faible croissance présente un risque baissier pour les estimations des bénéfices.