En ce début d’année 2020, les États-Unis et la Chine viennent de signer l’ébauche d’un accord commercial. Quelle avancée par rapport à l’an dernier ! La guerre commerciale qui a fait rage tout au long de 2019, qui a pénalisé les actions des pays émergents et alimenté les tensions géopolitiques, cède enfin la place à l’incertitude électorale aux États-Unis. Des élections qui s’annoncent uniques pour de nombreuses raisons. Regardons de plus près comment Candriam se prépare pour l’année à venir, ainsi que les changements effectués au sein de notre stratégie cross-asset.
Actions vs. obligations
L’année 2019 se termine tout juste. Une année très particulière, durant laquelle toutes les classes d’actifs ont enregistré des performances positives, contrairement à 2018, où les investisseurs ont subi tout le contraire. Les actions américaines se sont classées en tête, suivies entre autres, par les actions de la zone euro, le pétrole, les actions émergentes, l’or et la dette émergente. La combinaison optimale de classes d’actifs en 2019 aura été le reflet de plusieurs contraintes : 1) être investis dans la zone US, plus sécurisante, protégée par les puts Fed et Trump tout au long de l’année ; 2) diversifier les portefeuilles et sortir des emprunts d’Etat qui affichaient de faibles rendements et 3) se couvrir contre des corrections de marché brutales grâce à des métaux précieux, et notamment l’or.
Aujourd’hui, sur la base de notre analyse fondamentale, quantitative et technique et compte tenu des prévisions de performances, notre scénario économique central est modérément optimiste et nous anticipons des performances positives – quoique modestes.
Nous continuons de préférer les actions aux obligations et sommes aujourd’hui à l’aise avec une légère sous-pondération.
Sur les marchés d’actions, qui présentent encore une marge de progression, il reste du potentiel à exploiter. Pourtant nous n’observons aucune euphorie, aucun excès d’optimisme chez les investisseurs. Alors où faut-il se positionner ? Sur quels segments de marché les valorisations et les primes de risque actions offrent-elles le meilleur potentiel pour les investisseurs ?
Actions
États-Unis : les craintes sur le commerce mondial cèdent la place à une incertitude électorale
Le pays s’apprête à connaître une année d’élections particulièrement polarisante. L’élection de 2020 pourrait bien être l’une des plus clivantes et des plus contestées de l’histoire des États-Unis.
Les républicains et les démocrates progressistes, comme Warren et Saunders, ont des positions diamétralement opposées sur huit grands sujets, notamment l’imposition des entreprises/particuliers, la réglementation, le commerce, l’énergie, la santé, la finance et la technologie. Une situation qui pourrait déclencher de la volatilité et des rotations sectorielles.
Aujourd’hui, notre positionnement sur les actions américaines est neutre.
Cette zone est devenue la plus chère et si la prime de sécurité était justifiée en 2019, les élections vont redistribuer les cartes dans de nombreux domaines.
Le « caucus » de l’Iowa du Parti démocrate se déroulera au début du mois de février (03/02/2020). Il s’agira de la première confrontation, dans le cadre des primaires présidentielles du Parti démocrate, pour l’élection présidentielle de 2020.
En parallèle, la guerre commerciale est passée au second rang. La phase I de l’accord commercial a été négociée et signée au milieu du mois. Les discussions pour la phase II devraient commencer immédiatement, mais comme le président Trump a déjà géré les attentes du marché, un accord ne sera sans doute pas signé avant l’élection présidentielle du 3 novembre.
L’absence de toute nouvelle escalade devrait offrir un peu de répit aux entreprises et soutenir les marchés d’actions en-dehors des États-Unis, un des facteurs clés pour notre allocation actuelle.
L’Europe sort du « creux de la vague », les nouvelles s’améliorent
En Europe, comme aux États-Unis et en Chine, les PMI manufacturiers se contractent toujours, mais certains indicateurs avancés suggèrent que le creux de la vague pourrait bien être derrière nous. Ceci est également cohérent avec une l’actualité de marché plus positive, comme le démontre l’amélioration des surprises économiques.
Les valorisations au sein de la zone euro et du Royaume-Uni sont en ligne, ou inférieures, aux niveaux historiques.
Nous avons laissé notre positionnement – surpondéré sur les actions de la zone euro – dériver à la hausse, sans inquiétude particulière. La région bénéficie enfin de la baisse du risque politique perçu par le marché, car le scénario d’un « Brexit » dur n’est plus envisagé aujourd’hui. Le marché a déjà intégré certaines bonnes nouvelles. Toute forte hausse nécessitera des signes tangibles d’une réelle amélioration, par exemple au niveau de la croissance du PIB ou des bénéfices des entreprises ; mais aujourd’hui, la situation actuelle suffit à justifier notre positionnement.
Nous restons « neutres » sur les actions britanniques. Nous étions longtemps restés sous-pondérés, dès le référendum sur le « Brexit » et jusqu’au 3e trimestre de 2019, lorsque la probabilité d’un accord de sortie s’est renforcée. Aujourd’hui, nous marquons une pause. Le Royaume-Uni est en effet un marché intéressant pour un investisseur en actions :
- La décote relative est attrayante ;
- Les investisseurs sont aujourd’hui sous-pondérés ;
- Il faudra s’attendre à un peu de volatilité à court terme sur la devise et les actifs britanniques ; cependant, dans une optique de moyen terme, la faiblesse du GBP et les difficultés du marché des actions ne devraient pas durer.
Mark Carney, le gouverneur actuel de la Banque d’Angleterre, quitte ses fonctions à la fin du mois de janvier 2020. La probabilité d’une baisse de taux d’intérêt avant son départ est de plus en plus forte (la prochaine décision sera communiquée le 30 janvier). Associée à une politique monétaire plus accommodante, un degré d’assouplissement budgétaire dans le courant de l’année pourrait doper les performances.
Marchés émergents : un meilleur début
Les marchés émergents ont connu un bien meilleur départ en 2020 qu’ils ne l’avaient en 2019. La guerre commerciale devrait s’atténuer et avoir moins d’impact. Les indicateurs avancés annoncent également des signes de redémarrage du cycle économique.
ChinaLa Chine a récemment rappelé que le pays comptait mettre en place des mesures budgétaires proactives et une politique monétaire prudente, et donner la priorité à l’emploi. Les autorités ont démonté leur capacité à soutenir la croissance économique en 2019 et ils ont les moyens de poursuivre ce soutien en 2020.
La valorisation des actions est relativement intéressante et les marchés émergents devraient surperformer les marchés développés en termes de croissance des BPA.
Pour toutes ces raisons, notre positionnement a récemment évolué et nous surpondérons actuellement les actions émergentes.
Obligations et devises
Nous conservons notre sous-exposition aux emprunts d’Etat en ce début d’année. Les taux sont bas et le resteront, même si les craintes d’une récession s’estompent. La crise a créé un « nouveau monde », caractérisé par de plus faibles anticipations de croissance et une inflation plus modérée. Malgré cela, la prime de risque actions est revenue à ses plus hauts, et les marchés d’actions sont aujourd’hui plus attrayants que les marchés obligataires.
Nous sommes surpondérés sur la dette émergente, car cette classe d’actifs offre l’un des niveaux de portage les plus élevés au sein de l’univers obligataire.
Nous restons investis en obligations investment grade, notamment sur les titres émis par des entreprises de la zone euro. L’environnement mondial, associé à la politique accommodante de la BCE, reste favorable malgré le resserrement sensible des spreads depuis le début de l’année.
Pour ce qui concerne les devises, nous conservons notre position acheteuse sur le yen dans un objectif de couverture.
Nous sommes exposés à l’or, qui reste un outil de couverture attrayant dans un environnement de taux faibles à négatifs.