Si, traditionnellement, le mois de décembre est très festif, le dernier mois de l’année est également l’occasion pour l’équipe Allocation d’actifs de Candriam de travailler sur ses Perspectives – un document qui résume nos convictions et nos positions stratégiques pour l’année à venir. Les scores attribués aux différentes classes d’actifs ont été révisés à la hausse comme à la baisse, parfois sensiblement, dans un contexte de pics historiques sur les marchés des actions et en l’absence de réelles alternatives, alors que les taux sont voués à rester durablement bas. Notre scénario central reste celui d’une hausse progressive des rendements obligataires et de performances positives – mais plus modérées – pour les marchés des actions.
Actions vs. obligations
A l’aune de cette nouvelle décennie qui débute sous le signe de l’espoir, nous continuons de préférer les actions aux obligations.
Les analyses actuelles suggèrent que le cycle a sans doute atteint un creux, mais elles pointent également vers des anticipations de performances plus faibles. La prime de risque des actions est revenue à des plus hauts historiques, un facteur qui plaide en faveur du marché des actions par rapport aux obligations.
Plus particulièrement, les investisseurs trouveront davantage d’opportunités parmi les actions Value et les cycliques, mais également au sein des investissements thématiques qui s’appuient sur des convictions de long terme.
Actions
États-Unis : les incertitudes commerciales cèdent la place aux incertitudes électorales
Les actions américaines constituent un investissement central. Leur prime de risque actuelle est justifiée, mais les élections présidentielles de 2020 devraient entraîner plus d’incertitude que par le passé, pour plusieurs raisons :
- aucune autre campagne présidentielle n’aura été menée simultanément à une procédure de destitution ;
- aucun autre président sortant n’aura souffert d’une cote de popularité si basse, avec un taux de chômage si faible et des performances boursières si élevées; et
- dans l’histoire moderne des élections présidentielles, jamais un président populiste issu d’un côté du spectre politique (Trump) ne s’est retrouvé face à des populistes issus de l’autre côté du spectre politique (Warren, Sanders).
Compte tenu des conditions actuelles, l’incertitude électorale devrait prendre le dessus et la guerre commerciale passer au second plan. Cette évolution serait une bonne nouvelle pour les marchés internationaux, car la guerre commerciale a eu un impact négatif sur le climat des affaires, le volume des échanges commerciaux et les bénéfices des entreprises à l’échelle mondiale ; notons que les États-Unis ont été relativement épargnés par rapport aux autres régions du monde.
L’absence de toute nouvelle escalade devrait apporter un peu de répit aux entreprises et soutenir les marchés actions en dehors des États-Unis.
Dans ce contexte, notre positionnement stratégique sur les États-Unis passe à « neutre ».
Europe : le vent tourne
En Europe, le vent tourne. Les investisseurs s’étaient désintéressés de la région. Tout au long de l’année, malgré le ralentissement économique mondial, la région a dû forcer son chemin - l’Allemagne réussissant à peine à éviter la récession - tout en subissant les turbulences politiques en Italie et en Espagne, sans parler des négociations autour du « Brexit ». Mais les flux reviennent doucement et le vent semble changer de direction.
Contrairement aux actions américaines, les marchés européens et japonais affichent un biais « Value », qui pourrait permettre à ces deux zones géographiques de surperformer, sur fond de remontée des taux.
Aujourd’hui, la valorisation relative des titres « Value » reste proche des plus bas historiques, particulièrement si l’on regarde le secteur automobile européen ou les banques de la zone euro. Ces deux segments affichent une décote très importante mais peuvent rattraper leur retard si notre scénario macroéconomique se concrétise : une croissance qui continue de ralentir, mais sans provoquer de récession.
Nous avons par ailleurs des raisons de croire à un plan de relance budgétaire, d’autant que les ressources financières existent. Ce plan, fortement encouragé par la Banque centrale européenne, pourrait contribuer à donner un coup de fouet à l’économie. Du point de vue des investisseurs, il peut créer des opportunités dans les marchés sous-jacents affichant une croissance sur le long terme comme les segments du changement climatique, de l’infrastructure environnementale ou de la transition énergétique,.
Nous privilégierons les actions de la zone euro, sur lesquelles nous sommes « positifs », et dans une moindre mesure, le marché britannique, sur lequel nous repassons à « neutre ».
Marchés émergents : la décennie 2020 débute sur une note d’espoir
Les marchés émergents devraient bénéficier du retour du différentiel de croissance. Nous anticipons également des perspectives de performance plus attrayantes que dans les marchés développés.
Le FMI prévoit des PIB en progression dans les marchés émergents qui ont surperformé dans les années 2000, mais ont sous-performé lors de la dernière décennie, une période durant laquelle ces pays ont dû faire face à une très forte hausse démographique et au développement de leurs classes moyennes.
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Dans ce contexte, les attentes sont révisées à la hausse pour la prochaine décennie.
Dans les pays où les économies sont stimulées par des projets d’infrastructure, la hausse des investissements en immobilisations devrait accélérer pour dépasser les niveaux de croissance de leurs PIB respectifs.
Les études ont montré que les besoins d’investissement en infrastructure, notamment en Chine, en Europe de l’est, en Amérique latine, au Moyen-Orient, en Inde et en Afrique devraient plus que doubler d’ici 2035 (par rapport aux années 2000-2015). Les réponses apportées à ces besoins en infrastructure seront favorables aux secteurs de la distribution d’électricité, de l’approvisionnement en eau, de la rénovation des routes, des chemins de fer, des ports et des aéroports.
Notre positionnement stratégique sur les marchés émergents passe à « positif ».
Obligations et devises
Nous sommes sous-pondérés sur les obligations et conservons une duration courte. La dette émergente offre l’un des niveaux de portage (carry) les plus élevés.
Nous restons également investis en obligations investment grade. L’environnement mondial, associé à la politique accommodante de la BCE, reste favorable malgré le resserrement sensible des spreads depuis le début de l’année. Le couple portage/risque est intéressant et l’environnement de taux faibles constitue un facteur de soutien pour le marché du crédit.
Pour ce qui concerne les devises, nous conservons notre position acheteuse sur le yen.
Nous conservons une exposition à l’or, qui reste un instrument de couverture attrayant dans un environnement de taux faibles à négatifs.