Les perspectives économiques mondiales sont indécises, et depuis le début de l’année la situation devient encore plus complexe. Après la correction déclenchée par le début de la guerre, les investisseurs ont ciblé les secteurs survendus et le marché s’est stabilisé à la mi-mars. L’Europe traverse à nouveau une passe difficile. À la fin 2021, les actifs européens se trouvaient dans une situation idéale, bénéficiant de valorisations moins chères qu’aux États-Unis, d’un marché orienté vers les valeurs cycliques et d’une pandémie sous contrôle. Cette époque semble révolue. L’impact de la hausse des coûts de l’énergie sur les niveaux d’inflation sera significatif et pèsera sur l’économie européenne.
Dans l’ensemble, les marchés boursiers se sont redressés au cours du mois, notamment ceux liés aux exportations de matières premières. Les actions de Chine et de Hong-Kong sont restées à la traîne, les autorités locales choisissant d’imposer de nouvelles mesures de confinement pour lutter contre une résurgence de l’épidémie de COVID. L’énergie, les matériaux et les soins de santé ont été les secteurs les plus performants.
Les rendements souverains ont continué de progresser au cours du mois. Le mouvement a été très net sur les bons du Trésor américain et les obligations européennes, car les investisseurs attendent des banques centrales qu’elles luttent activement contre une inflation incontrôlée.
Sans surprise, la plupart des contrats à terme sur matières premières ont poursuivi leur progression, reflétant un marché tendu où les prix sont affectés par le déséquilibre actuel entre l’offre et la demande, mais aussi par les perturbations attendues sur la chaîne d’approvisionnement.
L’indice HFRX Global Hedge Fund EUR a affiché une performance de +0,43 % durant le mois.
Stratégies Long-Short Equity
En moyenne, les stratégies Long-Short Equity ont enregistré des performances nulles ou légèrement négatives au cours du mois. Ce constat masque toutefois des niveaux de dispersion élevés autour de la moyenne. La performance s’explique principalement par un alpha négatif sur les portefeuilles longs. Bien que les stratégies se soient redressées durant la deuxième quinzaine, les fonds ont considérablement réduit leurs expositions brutes et nettes au cours du mois, ce qui a entraîné une performance relative inférieure à la moyenne par rapport aux indices. Selon Morgan Stanley Prime Brokerage, les fonds américains et européens ont allégé leurs positions sur la technologie, les produits cycliques et les secteurs exposés aux hausses de taux. Les hedge funds ont cependant été des acheteurs nets dans le secteur de l’énergie. Les moyennes du peer group cachent d’excellents résultats dans la sélection fondamentale Long-Short, dont la performance a été stimulée par une forte génération d’alpha sur le portefeuille short. Dans l’attente d’un début de résolution du conflit ukrainien, le niveau de risque des fonds Long-Short ne devrait pas augmenter significativement. À court terme, les stratégies Long-Short Equity efficaces devraient ainsi protéger le capital de leurs investisseurs en maintenant les expositions brutes et nettes dans le bas de la fourchette. La guerre en cours va exacerber certains des défis auxquels les entreprises du monde entier sont confrontées. Tandis que la sélection sera essentielle, la perspective Long-Short procurera un net avantage par rapport aux solutions actions Long-Only.
Stratégies Global Macro
En moyenne, les gérants Global Macro ont affiché de bonnes performances pendant le mois en étant les grands bénéficiaires de la hausse des niveaux de volatilité, confirmant l’adage selon lequel « tout dépend du point de vue où l’on se place ». Des stratégies discrétionnaires et systématiques judicieuses ont ainsi tiré parti d’un régime de volatilité plus élevée et d’une réévaluation des primes de risques sur les marchés des actions, des taux, des changes et des matières premières pour déployer du capital dans des investissements fructueux. Les positions longues sur actions et matières premières ont généré les meilleures performances, mais les gérants macro spécialisés sur les marchés obligataires ont également dégagé des résultats appréciables. Comme évoqué précédemment, les stratégies Global Macro bénéficient d’un meilleur environnement pour déployer du capital, alors que les banques centrales réduisent les injections de liquidités et planifient des hausses de taux. Cette guerre infâme a dopé la volatilité du marché, une évolution que nous anticipions en raison de la diminution du soutien budgétaire et monétaire. Les primes de risque sont globalement volatiles et les gérants Macro devraient être en mesure de tirer parti de ces mouvements de marché. Nous continuons de privilégier les gérants opportunistes discrétionnaires, qui peuvent s’appuyer sur leurs compétences analytiques et leur expérience pour générer des bénéfices à partir d’opportunités sélectives dans le monde entier.
Stratégies quantitatives
Les stratégies quantitatives se sont très bien comportées, tant sur une base relative qu’absolue. Les stratégies de suivi de tendance ont généré des gains importants au cours du mois, principalement sur les obligations et les matières premières. Les stratégies quantitatives multi-modèles profitent toujours de régimes de volatilité élevée pour générer de solides performances. Ces stratégies offrent des performances assez régulières dans différents environnements de marché, mais le niveau de ressources requis en fait un segment réservé à quelques privilégiés.
Arbitrage de taux
Le mois dernier, les marchés obligataires ont été soumis à des forces opposées. Si la guerre en Ukraine est loin d’être terminée, les pressions inflationnistes ont dominé et poussé les rendements à la hausse. Les swaps à 2 ans ont bondi de 1,60 % à 2,55 %, en raison de la rhétorique agressive de la Fed, tandis que la courbe des taux s’est encore aplatie. La dynamique du mois de mars s’est avérée idéale pour les gérants obligataires (directionnels ou de valeur relative) : la partie courte de la courbe des taux américains sous-estime l’ampleur et le rythme des hausses de taux, les spreads de swaps et les contrats à terme sont volatils sur l’ensemble des courbes, la courbe des taux américains pourrait rester inversée... tandis que l’inflation n’a jamais été aussi présente. Ce contexte a permis aux gérants obligataires de générer des performances particulièrement robustes.
Marchés émergents
Les stratégies liées aux marchés émergents ont affiché des performances mensuelles très dispersées. Globalement, les facteurs macroéconomiques ont prédominé par rapport aux idiosyncrasies. Les actifs de l’Europe émergente ont rebondi en mars, mais la situation reste très instable, tandis que la Chine s’efforce toujours de contenir l’épidémie de COVID via de nouvelles mesures de confinement. L’Amérique latine tire son épingle du jeu grâce à la hausse des prix des matières premières. Il est cependant trop tôt pour tirer des conclusions et nous restons très attentifs à l’évolution de la situation.
Stratégies Risk arbitrage – Event Driven
Dans l’ensemble, les stratégies Event Driven sont restées stables au cours du mois ; depuis le début de l’année, elles affichent en moyenne des performances négatives à un chiffre. Ces stratégies ont fait preuve d’une forte résilience pendant les périodes où la panique dominait sur les marchés. Les stratégies d’arbitrage de fusions, qui sont structurées autour de catalyseurs durs, ont eu tendance à surperformer les stratégies de situations spéciales, plus sensibles au bêta. Si le secteur n’anticipe pas pour 2022 un volume d’activité avoisinant le niveau record de l’année dernière, les nombreuses transactions en préparation fourniront autant d’opportunités d’allocation de capital. Facteurs de risque à ne pas négliger, la hausse des taux d’intérêt et la volatilité des actions contribueront cependant à maintenir des spreads plus larges et à éviter un encombrement excessif pour la stratégie. Il existe un élément de cyclicité structurelle dans ce secteur, mais l’impact de la COVID-19 et des secteurs en pleine mutation structurelle continuera à générer des opérations sur titres offrant aux gérants des opportunités d’allocation de capital. Alors que les investisseurs recherchent la diversification, l’arbitrage de fusion constitue un outil intéressant, dont les échéances sont structurellement courtes et dont les spreads de transactions sont positivement corrélés à la hausse des taux d’intérêt.
Stratégies Distressed
L’environnement est, pour le moment, relativement calme en ce qui concerne les stratégies distressed. Les spreads de crédit se creusent depuis le début de l’année en raison de la détérioration des fondamentaux économiques. Néanmoins, en dehors de cas spécifiques, les spreads des obligations, des prêts et des produits structurés restent relativement serrés. Si l’univers des opportunités s’avère modeste, les incertitudes économiques ne peuvent être négligées, car les niveaux d’inflation actuels limiteront la capacité des banques centrales à soutenir à nouveau les marchés. En outre, les taux de référence restent sur des niveaux planchers, alors que la Fed n’a pas encore procédé à sa première hausse de taux et que la BCE n’a pas indiqué de calendrier précis. Tandis que les volumes d’émission depuis 2010 sont très élevés et que les conditions d’accès au crédit ont été relativement souples, le gisement d’opportunités devrait être conséquent. Le contexte risque toutefois de rester compliqué, en raison des bouleversements géopolitiques et économiques provoqués par la guerre en Ukraine.
Crédit Long Short & High Yield
Les spreads de crédit se sont élargis, mais restent proches de leurs planchers historiques. Les investisseurs estiment désormais que le « put de la Fed » est voué à perdre de son influence, ce qui améliorera les opportunités de sélection de crédit dans une perspective Long-Short. Les opportunités de crédit liées à l’immobilier chinois sont susceptibles d’être exploitées par certains fonds spéculatifs disposant de capacités de recherche en Asie. Bien que la débâcle d’Evergrande soit encore dans tous les esprits, la possibilité que le gouvernement chinois autorise la répétition d’un scénario à la Lehman est jugée moins probable, compte tenu du poids du secteur immobilier au sein de l’économie chinoise. Les spreads de crédit des marchés émergents se sont considérablement élargis. Estimant que les banques centrales des marchés émergents sont en avance dans le processus de resserrement monétaire et que les prix élevés des matières premières aideront les pays exportateurs à maintenir leurs bilans sous contrôle, de nombreux gérants considèrent qu’il s’agit une opportunité attrayante.